Dossier | 7 paires de chaussures gravel au banc d’essai

Par Jan Van Herck -

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Dossier | 7 paires de chaussures gravel au banc d’essai

« Trouver chaussure à son pied » : voilà qui pourrait être le fil rouge de ce dossier. Dans des gammes de plus en plus touffues, et avec des pratiques qui se recouvrent l’une l’autre, comment mettre la main sur une paire de chaussures idéale pour la pratique du gravel ? Est-ce que cela signifie seulement quelque chose ? Vojo fait le point pour vous de manière approfondie avec 7 modèles mis à l’honneur : 

Celles et ceux qui ne souhaitent pas passer par notre introduction et veulent accéder directement à leur chaussure préférée peuvent le faire sans plus attendre via les liens ci-dessous :

Qu’est-ce qu’une chaussure de gravel ?

La première question que l’on se pose à propos des chaussures de gravel est sa définition : qu’est-ce qu’une chaussure de gravel ? Quelles sont les conditions que celles-ci doivent remplir ? Tout comme pour la définition du « gravel », discipline située entre le cyclisme sur route et le VTT, la définition d’une chaussure de gravel est également ambiguë. Une chaussure de gravel est une chaussure qui vous permet de rouler confortablement aussi bien sur l’asphalte que lors des passages plus typés VTT. Par conséquent, la chaussure doit avoir une certaine rigidité, mais aussi une semelle relativement dessinée afin de permettre les passages à pied. Idéalement, une chaussure de gravel doit aussi être confortable pour un usage « après-vélo » – comprenez là qu’un usage en dehors du vélo doit être possible, tel qu’un verre partagé après la sortie ou quelques petites course durant un voyage en bikepacking.

Bon, soyons clairs, des chaussures VTT peuvent aussi très bien convenir pour une pratique gravel… et inversement. Dire qu’il vous faut absolument des chaussures spécifiques pour chaque pratique off-road est une hérésie. Par contre, plusieurs modèles conçus spécifiquement par les marques avec en tête une pratique gravel peuvent présenter des particularités de construction ou de design intéressantes qui méritent qu’on s’y intéresse. On peut donc voir cela comme un élargissement de l’offre off-road en général, qui vous offrira plus de possibilités de choix au moment de remplacer vos chaussures… qu’elles soient pour une pratique gravel, VTT, ou les deux !

Précisons aussi que toutes les chaussures étiquetées « gravel » reprennent le standard SPD pour la fixation de la cale, celui qu’on connaît en VTT : un chariot avec deux fois deux trous parallèles qui peut coulisser en longueur. On peut donc utiliser ces chaussures avec n’importe quel cale et pédale de VTT. Cette fois, personne n’a pensé à développer un nouveau standard pour aller avec cette nouvelle pratique… Tout se perd ma bonne dame !

Trouver chaussure à son pied

Au-delà d’une question de pointure de chaussure, il s’agit surtout de la différence entre de multiples tailles et standards. En effet, des standards distincts sont utilisées en Europe, aux États-Unis et au Royaume-Uni, ce qui complique inutilement la recherche de la bonne taille de chaussure. Pour ce dossier, nous avons pris la longueur du pied (27,8 cm) et l’avons ensuite convertie en taille de chaussure (EU 43,5-44).

Mais cela reste une théorie sur le papier, car dans la pratique des choix s’imposent lorsqu’on se retrouve entre deux tailles. Pour vous donner une idée du problème, voici un petit exemple : avec les marques DMT et Scott, votre serviteur fait du 44, tandis qu’avec Specialized, Bontrager et Suplest (entre autres), du 43. Un point primordial à retenir est donc de ne pas se faire une fausse idée de la pointure de ses chaussures, ou d’aller trop vite en besogne : il est trop simpliste de dire que vous faites un 10 US ou un 43,5. Les tailles varient entre les marques et même parfois entre les modèles au sein d’une même enseigne. Là où une chaussure est un peu plus large, l’autre est peut-être un peu plus longue… et il faut absolument en tenir compte pour trouver chaussures à son pied.

De nombreuses chaussures de VTT sont déjà passées en test entre nos mains, et pour l’ensemble de celles-ci une fermeture Boa ou un système similaire est la référence et un must absolu. En ce qui concerne les chaussures de gravel, les systèmes de fermeture utilisés présentent des particularités. Le Boa reste une option courante, mais les lacets classiques (Specialized et DMT) ou encore une bande velcro (Fizik) font également partie des possibilités. On en reparlera avec les chaussures concernées mais on peut déjà vous glisser que pour cette pratique, ces systèmes de fermeture « alternatifs » ne sont en aucun cas inférieurs au Boa.

Comment teste-t-on des chaussures de gravel ?

Le point de départ pour tester des chaussures de gravel est évidemment de leurs faire voir du paysage en les roulant. Nous avons parcouru 300 km avec chaque paire dans des conditions variables. D’un coté, chaque paire a été testée sur un itinéraire fixe comprenant des routes asphaltées, des chemins pavés, des chemins forestiers et même quelques singletracks. D’autre part, nous les avons emmenées sur certains événements : les Specialized Reckon Lace nous ont accompagnés au Dusty Moon Gravel Ride, les Quoc Gran Tourer II sur la sortie nocturne du Sanglier Gravel et les Suplest Mountains Performance à l’évènement gravel 13 Châteaux, au départ d’Esneux.

Deux hommes en gravel en descente, sur un petit sentier lisse dans un paysage scandinave (mousses, lichens et grands conifères espacés)

Mais les conditions météorologiques peuvent varier et 300 kilomètres ne sont finalement « que » 300 kilomètres. À cet égard, il nous faut donc être prudents dans nos jugements, notamment en ce qui concerne des éléments tels que la durabilité, la résistance à l’abrasion et à l’eau. Enfin, notez que nous avons choisi de mettre de côté le secteur de la chaussure de gravel de compétition (tel qu’il est présenté par les marques) afin de nous concentrer sur ce qu’on peut qualifier outre-atlantique de « gravel grinder« . En d’autres termes, le pratiquant ou la pratiquante qui roule pour le plaisir, la découverte et les sensations, au contraire d’un compétiteur qui est à la recherche de l’éternel combo « vitesse et puissance », quitte à sacrifier le reste. Nous sommes ainsi partis à la recherche d’une chaussure de gravel polyvalente, où les sensations sur le vélo et après le vélo sont importantes.

Bontrager Evoke : l’accessibilité 

En tant que filiale de la marque de vélos Trek, Bontrager commercialise un grand nombre de produits. Des composants comme des roues des guidons et des selles, des vêtements et bien d’autres choses encore… dont des chaussures ! Nous avons testé les Evoke, un modèle d’entrée de gamme qui se veut polyvalent.

Les chaussures de VTT et de gravel ne sont pas si différentes les unes des autres. Toutes deux sont conçues pour le tout-terrain, toutes deux ont une semelle antidérapante pour couvrir les sections de marche, et toutes deux doivent être capables d’encaisser des coups. Dans la gamme de Bontrager, vous trouverez une chaussure destinée purement au gravel, la GR2 à lacets. Nous les avons utilisées lors de notre tour d’Elfsteden en Frise, dont le reportage est disponible sur la version néerlandaise de Vojo.

Bontrager Evoke vue de 3/4 face, vue rapprochée. Montre le système de serrage Boa.

Mais pour ce dossier consacré aux chaussures de gravel, ce sont les Bontrager Evoke qui ouvrent le bal. Dans les faits, elles sont officiellement répertoriées comme des chaussures de VTT sur le site web de Bontrager, mais rappelez-vous ce qu’on disait en introduction sur la définition d’une chaussure de gravel… A l’arrêt, l’Evoke présente un bon ajustement et est confortable au niveau du talon et du cou-de-pied. La fermeture Boa remplit bien sa fonction et maintient la chaussure bien serrée autour du pied. Au niveau de la semelle, on retrouve des indications pour fixer les cales, détail que nous apprécions.

Bontrager Evoke vue de dessous. Presque entièrement recouverte de caoutchouc, la semelle a des crampons noirs et une cale Shimano est installée dans l'espace dédié. Elle a également deux emplacements pour visser des crampons à l'avant du pied, non utilisés ici.

En retournant la chaussure, on découvre de robustes crampons et de nombreuses rainures. Cette semelle en caoutchouc Tachyon, comme dénommée chez Bontrager, offre beaucoup d’adhérence lorsqu’il faut marcher. Elle est comme « texturée », recouverte de petits points de caoutchouc d’un demi-millimètre de hauteur censés offrir une surface de contact plus importante, donc une adhérence supplémentaire, mais ils ont rapidement disparu avec l’usure de la chaussure.

Ce qui est très résistant, en revanche, c’est la chaussure en elle-même. Au niveau des orteils et du talon, Bontrager a opté pour un revêtement en caoutchouc durable, nommé GnarGuard, qui protège les pieds et les orteils des éclats de pierre et des objets pointus. La matière synthétique perforée de la chaussure assure la ventilation du pied d’une part et la protection contre la saleté et la boue d’autre part.

La semelle intérieure est de conception simple et minimaliste. La semelle en nylon en elle-même est durable et se concentre sur le confort du pilote. Par conséquent, cette chaussure est moins rigide et cela se ressent en roulant. Dans les montées abordées bon train tout particulièrement, la notion de transfert de la puissance du pilote prend tout son sens et l’efficacité de ce transfert doit alors être maximale. Ici, dans des conditions où la rigidité de la semelle de la chaussure joue un rôle décisif, l’Evoke affiche un bilan un peu en retrait de la concurrence.

Bontrager Evoke, vue de 3/4 face, portée. La personne a le pied sur la pédale mais est à l'arrêt.

En matière de confort, la chaussure obtient un score élevé. Ces Bontrager Evoke sont durables, elles peuvent supporter des projections et des pierres, et il est parfaitement envisageable de se tenir à côté du vélo et de marcher. Au niveau de l’efficacité de cette paire, elles sont en revanche un peu en deçà en raison de la semelle moins rigide et du poids (relativement) élevé de la chaussure par rapport aux autres modèles de ce test. Toutefois, elles ont un autre argument : avec un tarif de 135 €, c’est la paire la moins chère de ce dossier.

Verdict

La paire de Bontrager Evoke, vue de 3/4 dessus.

La Bontrager Evoke est une chaussure parfaite pour le « gravel grinder » à la recherche d’une chaussure confortable et durable pour des sorties gravel. Le seul inconvénient est la semelle relativement souple qui entraîne une perte de transfert de puissance. Mais le prix abordable, l’ajustement confortable et la finition résistante en font un excellent rapport qualité-prix.

Bontrager Evoke

134,99 €

408 g (par chaussure, incluant les cales)

  • Résistante et durable à l'usure
  • Ajustement confortable
  • Prix avantageux
  • Rigidité
  • Semelle intérieure

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Pour plus d’infos : trekbikes.com

DMT GK1 : la classe à l’italienne

En termes de renommée, la marque italienne DMT n’est pas aussi connue que les « grandes  » marques même si les succès du Slovène Tadej Pogacar ou de l’Italien Elia Viviani l’ont, sur route au mois, ramené un peu sur le devant de la scène. Quels sont ses arguments lorsqu’on s’éloigne du goudron ? Réponse avec le modèle GK1 :

Dès les premiers instants, on sent qu’on a affaire à une chaussure particulière. En effet, la marque italienne basée à Vérone a choisi de ne pas doter la chaussure d’une  » languette  » classique mais d’une structure en mesh qui enveloppe la chaussure autour de l’avant-pied. De plus, des lacets permettent d’ajuster le serrage de la chaussure et la structure de la semelle a été conçue par Michelin.

DMT GK1 vue de 3/4 face, vue rapprochée. Montre le serrage à lacets.

On enfile la chaussure curieux de découvrir les sensations procurées par cette conception mais les premiers essais s’avèrent plus compliqués qu’avec des chaussures plus classique. Le mesh est assez serré au niveau du cou-de-pied et le passage n’est pas évident à négocier au début. Une fois dedans en revanche, on constate que ce système permet d’offrir beaucoup d’espace au niveau de l’avant-pied, tandis que la chaussure se resserre au niveau du cou-de-pied. La fermeté du serrage s’ajuste finalement avec le laçage.

DMT GK1 vue de dessous. Presque entièrement recouverte de caoutchouc, la semelle n'est pas teinté en noir et une cale Shimano est installée dans l'espace dédié.

L’installation des cales se fait sans problème et la seule chose qui manque est une indication au niveau de la semelle pour les positionner facilement. La semelle de la chaussure est recouverte de caoutchouc Michelin qui donne une impression de robustesse et de durabilité. Dans l’ensemble, les DMT GK1 offrent beaucoup d’adhérence et de stabilité une fois en dehors du vélo.

Il y a beaucoup d’espace à l’avant de la chaussure et, par conséquent, elle convient aux personnes ayant un avant-pied large. Les lacets ne se desserrent pas et la pression reste stable tout au long de la sortie, avec une pression bien répartie à travers la structure. Selon DMT, la structure s’adapte même un peu au pied, ce qui fait que la chaussure s’ajuste mieux au fil des kilomètres…

Les semelles internes sont de conception plutôt minimaliste et seront avantageusement remplacées par des modèles plus aboutis si vous avez les pieds sensibles, mais c’est surtout la structure en mesh qui retient notre attention et procure le confort nécessaire.

La DMT GK1 est relativement légère (361 g sur notre balance) par rapport aux autres chaussures du test. En outre, la chaussure offre une sensation de rigidité qui se traduit par une efficacité au pédalage importante. La puissance du pilote est très bien transmise à la pédale et on n’a jamais l’impression que la chaussures « absorbe » de l’énergie. Enfin, la finition de la chaussure est suffisamment solide et durable.

Verdict

La paire de DMT GK1, vue de 3/4 dessus.

La DMT GK1 est une chaussure de gravel pour les pilotes qui souhaitent une chaussure robuste, durable et plutôt originale. La semelle est suffisamment rigide et le caoutchouc Michelin offre une bonne adhérence lors des moments en dehors du vélo. Les pilotes avec un avant-pied large apprécieront l’espace qu’offre ce modèle. De plus, le prix n’est pas excessif, ce qui fait certainement de ces chaussures un choix privilégié de ce dossier.

DMR GK1

168,95€

361 g (par chaussures, comprenant les cales)

  • Ajustement confortable
  • Esthétiquement jolies
  • Adhérence remarquable
  • Rigidité permettant un bon transfert de puissance
  • Poids
  • Indications de montage de cales

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Pour plus d’infos : dmtcycling.com

Fi’zi:k Terra Powerstrap X4 : et pourquoi pas un scratch ?

Une fermeture à scratch sur des chaussures haut de gamme ? Et pourquoi pas ? Après tout, le système est utilisé dans d’autres activités depuis longtemps, en triathlon notamment, et on est ici loin des chaussures pour enfant : les matériaux ont nettement évolué et le scratch s’invite désormais au plus haut niveau. Chez Fi:zi’k en tout cas, on y croit sérieusement et une bonne partie de la gamme s’y est convertie. Nous avons essayé les Terra Powerstrap X4 :

Dès la première observation des Fizik Terra Powerstrap X4, elles sautent aux yeux : ces larges bandes velcro noires. Pas de lacets ni de fermeture Boa, le serrage de la chaussure s’effectue au moyen de deux scratches. De quoi être surpris tant on a été habitué aux autres systèmes et pourtant cela fonctionne à merveille, les chaussures s’attachent très bien. Peut-être même trop bien : au bout d’un moment, on finit par desserrer un peu les sangles car elles tiennent très bien en place.

A l’intérieur, la semelle bénéficie d’un revêtement antidérapant sous le talon pour rester bien en place. Autour de la cheville, des patchs souples sont incorporés à la chaussure afin de procurer une sensation de confort. Les semelles en elles-mêmes sont en revanche plutôt modestes et minimalistes. Ce dernier point est à peu près le seul véritable inconvénient de cette chaussure.

Sur le dessous de la chaussure, Fizik a opté pour sa semelle X4. Celle-ci est faite d’un mélange de nylon et de caoutchouc visant à maintenir un équilibre entre la rigidité, le confort et l’efficacité lors des appuis sur les pédales.

Nos essais vont confirmer les dires de Fi’zi:k. La chaussure est modérément rigide et offre beaucoup de confort. En dehors du vélo, cette Terra Powerstrap obtient un score légèrement inférieur à la plupart des autres chaussures de ce test. Elle ressemble en effet trop à une chaussure de cyclisme sur route, où le cou-de-pied est un peu plus haut et avec lesquelles on marche classiquement un peu sur les talons.

Verdict

La paire de Fizik Terra Powerstrap X4, vue de face et légèrement de dessus. On voit bien la construction en "Z" du scratch avant, qui part de l'intérieur du pied pour finir sur l'extérieur. Le scratch du cou de pied est plus classique dans sa forme.

En gravel, les Fi’zi:k Terra Powerstrap continuent d’offrir un bon rapport qualité-prix comme en VTT. Comme nous l’avons évoqué, nous avons eu tendance à desserrer un peu la bande scratch au fil des kilomètres et, selon toute vraisemblance, cela est dû à l’idée préconçue que le scratch va se desserrer au cours de la sortie. Rien n’est plus éloigné de la vérité et il suffit de serrer légèrement, comme on le ferait avec un lacet, pour que la chaussure s’adapte parfaitement. La finition est durable, les sangles donnent à cette chaussure un aspect robuste et c’est plus personnel mais nous avons également trouvé le design minimaliste très réussi. Pour son prix, la Fizik est un must, car à 159 euros, elle fait partie des chaussures les moins chères du test…

Fi'zi:k Terra Powerstrap X4

159€

378 g (par chaussure, incluant les cales)

  • Ajustement confortable
  • Excellent prix
  • Superbe design
  • Sangles en velcro
  • Semelle intérieure
  • Grip de la semelle en dehors du vélo

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Pour plus d’infos : https://www.fizik.com

Quoc Gran Tourer II : le partenaire de confiance

Quoc est une jeune marque britannique indépendante qui fabrique des chaussures de haute qualité pour les coureurs sur route. Cependant, on trouve également dans la gamme un modèle destiné au gravel : la Gran Tourer II. Que vaut cette aventure dans le monde de l’off-road ? Voici notre avis :

À première vue, la Gran Tourer II semble admirablement bien finie mais surtout simple en termes de design. Une petite recherche révèle que c’est également la philosophie de l’entreprise : « la satisfaction par la simplicité « . Cette simplicité réside dans la conception, et non dans les matériaux et les finitions choisis. En effet, ces derniers apparaissent de haute qualité. On pense par exemple à la finition anti-éclaboussures de la chaussure, qui doit prévenir les dégâts causés par l’eau et la boue.

Détail du système de serrage rotatif de la Quoc Gran Tourer 2, vue de 3/4 face.

Le système de fermeture s’articule autour d’une fixation Boa et dès le moment où la Quoc Gran Tourer II est aux pieds, c’est une sensation de confort qui prévaut. La pression est uniformément répartie sur le cou-de-pied, ce qui est très agréable. Cette chaussure offre également beaucoup d’espace à l’avant et convient parfaitement aux pilotes ayant un avant-pied large.

Sortie en vélo de gravel durant des heures ou randonnée cycliste, il n’y a pas là de quoi inquiéter cette Gran Tourer II qui se montrera sans aucun doute confortable. La semelle de la chaussure, baptisée GravelGrip, est très robuste et offre une bonne adhérence lors des moments en dehors du vélo ou lors d’une traversée inattendue d’une rivière.

Vue de côté de la Quoc Gran Tourer 2, au pied d'un testeur.

À aucun moment la fermeture Boa ne vient pincer le pied et c’est même le contraire qui se produit : après une heure sur le vélo, c’est plutôt le besoin de resserrer légèrement le Boa qui se fait ressentir. Ce n’est pas nécessairement en raison d’un mauvais fonctionnement de la fixation Boa mais plutôt car la tige, la partie supérieure de la chaussure, est conçue avec un matériau souple. Par conséquent, la chaussure s’adapte à la forme du pied du pilote lors de la sortie et un serrage supplémentaire d’un quart de tour peut s’avérer nécessaire après quelques temps.

Les semelles sont de conception plutôt modeste et minimaliste comme c’est le cas pour la plupart des autres marques. On ne le répètera jamais assez mais de bonnes semelles peuvent faire beaucoup pour le confort, la stabilité et la transmission de la puissance. Ici, il y a donc certainement place à amélioration.

En ce qui concerne la durée de vie, le matériau souple de la tige pouvait soulever quelques inquiétudes mais il s’en sort très bien. La finition de la chaussure est pour l’instant résistante à l’usure comme aux accrocs. La semelle extérieure s’est également montrée résistante et confortable, et mieux encore, elle donne l’impression de porter une chaussure « normale » lorsqu’il faut marcher. Un point important pour les mordus de bikepacking ou d’aventures aux limites du gravel…

La Quoc Grand Tourer 2 vue de côté, de l'intérieur du pied.

Par rapport aux autres chaussures du test, la semelle des Quoc Gran Tourer II n’est pas trop rigide et offre un bon confort, elle se rapproche de la Fizik Terra Powerstrap. Mais malgré le fait que la chaussure ne soit pas extrêmement rigide, elle conserve un transfert de puissance considérable, qui se sent immédiatement une fois sur les pédales.

Verdict

Une paire de Quoc Gran Tourer 2

Que ce soit lors de l’évènement Sanglier Gravel ou dans la traversée d’une rivière au cours d’un trip en gravel au milieu de la Finlande, ces Quoc Gran Tourer II se sont comportées de manière honorable. Un partenaire de confiance pour les longues randonnées, solide, confortable et à l’épreuve de la marche. Celles et ceux qui aiment porter une marque moins connue mais de qualité trouveront ici leur bonheur.

Quoc Gran Tourer II

224,20€

378 g (par chaussure, incluant les cales)

  • Ajustement confortable
  • Belle conception
  • Durable et résistant
  • Adhérence correcte
  • Semelle intérieure

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Pour plus d’infos : quoc.cc

Scott Gravel Tuned : pour tous les pieds

De la course à pied au ski en passant par le VTT et le cyclisme sur route, Scott est une marque immensément populaire, à l’aise dans de nombreux sports. En est-il de même pour le gravel ? Réponse avec ces chaussures sobrement nommées Gravel Tuned.

La gamme de chaussures gravel de chez Scott est composée de plusieurs modèles mais pour ce test notre choix s’est porté sur la Gravel Tuned et ses 2 boucles Boa. Ce système permet de serrer individuellement l’avant et le cou-de-pied par deux molettes différentes. Cette spécificité rend cette chaussure adaptée à un public très large : coup de pied large ou étroit, avant-pied large ou pointu … La double fermeture Boa offre différentes combinaisons et permet à chacun de serrer la chaussure là où c’est nécessaire.

Comme pour toutes les chaussures de ce dossier, le talon et les orteils sont renforcés afin de protéger des éventuelles projections de pierres et autres objets susceptibles de blesser. De plus, Scott a opté pour un revêtement souple à l’intérieur de la chaussure afin de la rendre plus confortable. La chaussure est également dotée d’une coupe dite Performance, offrant plus d’espace au pied que la Racing fit donc une plus grande sensation de confort.

Vue de dessous de la Scott Gravel Tuned, pour montrer la semelle extérieure. Une cale Shimano est installée dans l'espace dédié.

Contrairement à d’autres chaussures de ce dossier, la semelle extérieure est relativement peu marquée sur ces Gravel Tuned. Si cela s’avère pratique une fois la sortie finie pour marcher avec les chaussures aux pieds, le revers de la médaille est l’adhérence limitée sur les sentiers. Autre petit détail qui peut décevoir : aucun marquage n’a été prévu par Scott afin de fixer les cales. Même si c’est accessoire, cela demeure une occasion manquée.

Ce qui n’est pas une occasion manquée par contre, et où Scott montre une fois de plus la large portée de ces Gravel Tuned, c’est la construction de la semelle intérieure. Grâce à des bandes velcro, il est possible d’ajuster la semelle intérieure de 2 manières afin d’obtenir un soutien optimal du pied. Appelé Ergologic, ce principe montre une fois de plus l’ambition de la marque suisse de faire une chaussure destinée à une large gamme de pratiquants.

Une Scott Gravel Tuned en action au pied d'un testeur, vue de 3/4 arrière.

La structure, composée d’un mélange de carbone et de nylon, assure la rigidité de la chaussure et constitue un facteur important dans la transmission de la puissance vers la pédale. En termes de rigidité, cette chaussure n’obtient pour autant pas un score élevé mais plutôt moyen par rapport aux autres chaussures de ce dossier. La rigidité plus faible est surtout perceptible dans les relances ou dans certains virages, lorsqu’on charge fort le pied extérieur.

Verdict

La paire de Scott Gravel Tuned, vue de 3/4 face.

Les Gravel Tuned sont confortables, s’adaptent bien à la forme du pied et la double fixation Boa permet de serrer exactement la chaussure comme désiré. La pression est bien répartie sur l’ensemble de la chaussure et l’Airmesh assure une ventilation adéquate du pied. En définitive, c’est une chaussure de gravel qui devrait plaire à de nombreux pilotes. 

Scott Gravel Tuned

199,90€

388 g (par chaussure, incluant les cales)

  • Ajustement confortable
  • Durable et résistante
  • Semelle intérieure
  • Double fixation Boa
  • Adhérence en dehors du vélo (sur les sentiers et lors de l'après-vélo)
  • Absence de repères de montage des cales

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Pour plus d’infos : scott-sports.com

Specialized S-Works Recon Lace : la performance a un prix

A l’image de Scott juste avant, nul besoin de vous présenter Specialized. Depuis les vélos les plus haut de gamme jusqu’aux vêtements en passant par les chaussures et autres accessoires, la marque américaine a tout dans son catalogue. Depuis sa création en 1974, Specialized a toujours abordé l’industrie du vélo selon la même philosophie : innover, inspirer et améliorer. Les S-Works Recon Lace seront-elles au niveau ?

Dès que l’on enfile les S-Works Recon Lace, la qualité de fabrication saute aux yeux : elle est exceptionnelle ! Complétée par un design soigné, un aspect intemporel et des matériaux choisis de manière durable, on remarque immédiatement qu’il s’agit d’une chaussure haut de gamme.

Bien sûr la qualité a un prix et à 350 € la paire ces chaussures sont de loin les plus chères du test. Mais aussi les plus légères en termes de poids et les plus rigides, tant au niveau de la tige que de la semelle. La qualité et le prix vont de pair ici. Le montage des cales, sur une plaque en titane plutôt qu’en acier ou en aluminiun, se fait en toute simplicité grâce aux repères situés sur la semelle de la chaussure. Au passage, on ne peut s’empêcher d’admirer le tressage du carbone, exposé comme dans un musée entre les inserts en caoutchouc des crampons.

Au niveau des orteils et du talon, les Recon Lace sont renforcées afin de protéger les pieds des impacts comme tous les modèles de ce test. On trouve en sus au niveau du talon, le concept PadLock, une pièce en composite relativement rigide qui doit permettre au talon de mieux rester en place pendant le pédalage et ainsi d’améliorer la transmission des efforts.

La semelle intérieure, fine et fabriquée dans un matériau léger, est basée sur le concept de « Body Geometry » propre à la marque. Sa forme a été adaptée en fonction des recherches sur l’anatomie du pied ainsi que la pression qu’on exerce lorsqu’on fait du vélo. Plus qu’un simple élément de confort pour ne pas poser le pied sur du nylon ou du carbone comme on l’a (trop) souvent vu dans ce dossier, cette semelle vise aussi à répartir la pression sur le pied et à optimiser sa position afin d’améliorer la transmission de la puissance et de réduire le risque de blessure.

La Specialized S-Works Recon Lace vue de côté, au pied d'un testeur.

Ajoutez à cela la légèreté de la semelle en carbone XC FACT et le résultat est un transfert de puissance maximal vers le vélo, qui se ressent très vite sur le terrain. Malgré cela, on n’est pas complètement déconnecté de ce qui se passe sous nos pieds et on sent suffisamment l’appui sur la pédale, essentiel en virage par exemple. Par ailleurs, les S-Works Recon Lace s’adaptent parfaitement aux pieds et leur poids insignifiant fait parfois oublier qu’on les porte.

Détail des lacets de la Specialized S-Works Recon Lace

A l’issue de ce test, elles se sont particulièrement imposées comme les chaussures les plus performantes de ce dossier : légères, rigides et pourtant confortables ! De plus, suffisamment de place est laissé à l’avant du pied et cela permet au sang de continuer à circuler vers les orteils. Enfin, les petites perforations sur le dessus de la chaussure assurent une ventilation qui nous a paru amplement suffisante.

Verdict

La paire de Specialized S-Works Recon Lace, vue de 3/4 face et légèrement de dessus.

Les Specialized S-Works Recon Lace sont de superbes chaussures de gravel, durables et légères comme une plume. Elles sont conçues pour les pratiquants soucieux d’avoir une paire de chaussures performantes et esthétiques. Faible poids, ajustement parfait et grande rigidité pour un transfert direct de la puissance, elles brillent sur tous les plans. Evidemment, la qualité a un prix et il s’agit de loin de la paire la plus chère de tous les modèles sélectionnés pour ce dossier.

Specialized Recon Lace

350,00€

313 g (par chaussure, incluant les cales)

  • Ajustement confortable
  • Superbe design
  • Rigidité supérieure
  • Durable et résistante
  • Poids plume
  • Prix

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Pour plus d’infos : https://www.specialized.com

Suplest Mountain Performance : la solidité suisse

A l’image des DMT essayées plus tôt dans ce dossier, Suplest bénéficie d’un certain crédit dans le monde du cyclisme sur route. En VTT, la marque suisse grandit peu à peu et propose une offre complète, du gravel/XC à l’enduro en passant par les pédales plates. Voici notre essai des Mountain Performance :

La gamme Suplest est l’illustration même du chevauchement entre chaussure de XC et chaussure de gravel : sur son site, la marque dispose bien d’une page pour chaque pratique mais on y retrouve exactement les mêmes modèles !

Détail du système de serrage Boa de la Suplest Mountain Performance et du renfort en feuille de carbone sur la partie de la tige qui tient lieu de languette.La Mountain Performance dispose d’une fermeture Boa sur le côté gauche, tandis que la languette (renforcée d’une feuille de carbone) est intégrée à la tige, orientée en diagonale vers l’extérieur du pied. L’objectif de cet enveloppement « anatomique » est de fournir un ajustement qui convient à différentes formes de pieds. Nous l’avons trouvée très confortable et les vététistes aux pieds plus larges vont également trouver leur compte avec cette chaussure Suplest.

Enfiler les Mountain Performance est étonnant de facilité, les chaussures sont immédiatement confortables et ne pincent pas l’avant du pied. En outre, une semelle intérieure du spécialiste Solestar, répartissant la force de manière uniforme sous le pied, assure le confort de cette paire. Cette semelle intérieure est de très bonne qualité et le résultat est une chaussure bien ajustée.

Au niveau de la semelle, Suplest a décidé d’incorporer quelques crampons robustes dotés d’une texture en caoutchouc, un système baptisé SUP Traction et qui rappelle la semelle des Bontrager Evoke. Ces petites boules sont censées fournir une adhérence supplémentaire mais elles sont très sujettes à l’usure. Résultat, la valeur ajoutée est à notre avis négligeable.

Vue de dessous de la Suplest Mountain Performance, pour montrer la semelle extérieure. Une cale Shimano est installée dans l'espace prévu à cet effet. En plus des gros crampons classiques à l'avant, autour de la cale et au talon, les espaces habituellement vides sont complètement recouverts de petits picots. La chaussure compte également deux emplacements pour des crampons vissés amovibles, qui ne sont pas utilisés ici.

Ce qui n’est pas négligeable en revanche est la plaque de carbone dans la semelle de la chaussure. Cette dernière, associée à la semelle intérieure, assure la rigidité de ces Suplest Mountain Performance. En roulant, nous n’avons pas trouvé la chaussure aussi rigide que la Specialized S-Works Recon Lace mais tout de même bien au-dessus de la moyenne par rapport aux autres chaussures, se rapprochant de la paire de chez DMT.

Pour le reste, la chaussure reste bien centrée au niveau du pied et offre un bon confort. En outre, le transfert de puissance est correct et la ventilation est suffisante dans la partie de l’avant-pied de la chaussure. Quant à la possibilité de marcher en dehors du vélo, d’autres modèles de ce test réussissent mieux l’exercice, et les Mountain Performance s’en sortent avec un score moyen.

Verdict

Une Suplest Mountain Performance en action au pied d'un testeur, vue de 3/4 face.

La Suplest Crosscountry Performance est une chaussure de gravel très bien conçue, qui offre durabilité et confort. Heureusement, vu le prix ! La semelle intérieure Solestar couplée à la languette en carbone et la fermeture anatomique assurent un transfert de puissance plus que décent vers le vélo et un bon confort général. En revanche, comme pour les Specialized ou les Fizik, ce ne sont pas celles qu’on vous recommandera si vous marchez beaucoup, elles sont faites pour pédaler avant tout !

Suplest Crosscountry Performance

249,99€

399 g (par chaussure, incluant les cales)

  • Ajustement confortable
  • Joli design
  • Rigidité
  • Semelle intérieure
  • Adhérence en dehors du vélo (sur les sentiers et lors de l'après-vélo)

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Meer info via suplest.com

Conclusion: les choix et les préférences diffèrent 

En tant qu’êtres humains, nous sommes tous différents et, par conséquent, nos goûts, nos préférences et nos budgets varient également. En ce qui concerne ce dernier facteur, les Specialized S-Works Reckon Lace sont de loin les plus chères tandis que les Bontrager Evoke sont les plus abordables. Bien entendu, cette différence de prix a un effet direct sur les matériaux utilisés (notamment la présence ou non de carbone) et sur le poids de ces chaussures.

Bien sûr, le prix ne fait pas tout : la finition, la coupe, la semelle et la rigidité sont également importants. Un certain nombre de marques telles que Specialized, DMT et Suplest se concentrent explicitement sur ce dernier point et visent une chaussure confortable mais avant tout rigide, dans l’optique d’avoir une efficacité au pédalage optimale. Quoc se distingue par son confort tant sur le vélo qu’en dehors, tandis que les sangles en velcro de chez Fizik peuvent en charmer certains.

Quant à Scott et Bontrager, elles proposent une chaussure qui convient à un large public, tant en termes de coupe que de prix. Enfin, mention spéciale à Suplest pour sa semelle interne. Le travail avec un spécialiste (Solestar en l’occurence) paye et fait une vraie différence dans le confort ainsi que la qualité perçue de ces chaussures. Au final, chaque chaussure a ses forces et ses faiblesses : il s’agit surtout là de trouver la chaussure qui vous convient le mieux…

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Par Jan Van Herck

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