Roues carbone XC 29 : 5 tests pour mesurer l’évolution

Par Olivier Béart -

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Roues carbone XC 29 : 5 tests pour mesurer l’évolution

Publié il y a bientôt deux ans, notre grand test de roues carbone a marqué les esprits. Mais si la plupart des modèles testés sont encore aujourd’hui en vente, d’autres produits sont arrivés sur le marché et des évolutions sont apparues. Nous avons, depuis, également eu l’occasion de tester longuement plusieurs autres modèles. En voici un petit aperçu.

Tout d’abord, on constate que même si les roues carbone restent des produit haut de gamme, ils ont tendance à se démocratiser et on en retrouve désormais non plus uniquement en première monte sur des modèles vitrine, mais aussi sur des vélos certes haut de gamme mais de plus grande production. Un exemple : on trouve désormais des jantes carbone sur le Specialized Epic Expert 2018 alors que le millésime 2017 était en jantes alu. Et il n’est pas le seul.

Aujourd’hui, on constate aussi que, même si certains modèles dépassent toujours allègrement les 2000€, il est possible de trouver de très bonnes roues carbone à partir de 1000€, ce qui était impensable encore il y a peu de temps.

C’est surtout le rapport poids/rigidité/solidité qui va être recherché lorsqu’on s’équipe de pareils cercles

Les avantages des roues carbone avaient déjà été mis en lumière lors de notre grand test, et c’est surtout le rapport poids/rigidité/solidité qui va être recherché lorsqu’on s’équipe de pareils cercles. Les très bonnes jantes en aluminium ne manquent pas sur le marché, et elles restent la meilleure option si on ne dispose pas d’un budget conséquent, mais elles seront toujours plus lourdes et/ou moins rigides et solides que de bons modèles en carbone.

Bien sûr, une jante carbone n’est pas indestructible et dans ce cas, la facture fait bien plus mal qu’avec des cercles en alu. Mais notre expérience et celle de bon nombre de bikers que nous avons consultés montre que pour un usage XC/Marathon, les modèles des plus grandes marques et des meilleurs monteurs de roues se montrent particulièrement solides et moins sensibles aussi à des phénomènes tels que la prise de saut/voile (grâce à la rigidité intrinsèque de la jante) ou à l’arrachement des têtes de rayons si par malheur une grosse branche décide de vous mettre des bâtons dans les roues (les écrous ou les rayons cassent en général avant les oeillets de la jante).

Enfin, nous avons constaté une évolution très bénéfique sur les roues carbone de dernière génération : elles s’élargissent ! Les Duke Lucky Jack et les Kappius qui avaient remporté les faveurs lors de notre premier test avaient d’ailleurs toutes deux les jantes les plus larges (25mm), et ce n’était pas un hasard. Nous avions pu voir que le gain au niveau du comportement du pneu et du grip en général était directement palpable. Aujourd’hui, toutes les marques suivent et vous ne trouverez d’ailleurs pas une jante de moins de 24mm dans cette mise à jour.

Maintenant, place aux tests avec les Asterion Edition One et F-One « Wide », les DT Swiss XMC 1200 Spline, les Roues Artisanales Even et les 9th Wave Dirt SM Boost.

Asterion Edition One Carbon XC : les dignes héritières

Les Asterion Editon One Carbon XC sont les dignes héritières des Edition One alu que nous avions testées peu après le lancement de Vojo (et qui sont toujours au catalogue). Elles disposent, comme leur nom l’indique, des moyeux Aivee Edition One, qui se placent en concurrents directs des fameux Tune au niveau du poids, tout en y ajoutant une préoccupation plus grande pour la durabilité et la fiabilité. Pour en avoir toujours une des premières paires sorties il y a bientôt 4 ans, on peut vous dire que ce n’est pas un vain mot puisque nous n’avons jamais rencontré le moindre souci.

Du côté des jantes, les Asterion Edition One Carbon XC font appel à un produit taïwanais soigneusement sélectionné par la marque. Le profil est légèrement asymétrique (2,9mm), bas (20mm de haut) et arrondi. L’idée est d’avoir une jante qui va permettre au monteur d’obtenir des tensions équilibrées dans les rayons et une excellente rigidité latérale, tout en préservant la notion de confort avec une jante de faible hauteur.

La largeur est aussi assez importante avec 24,5mm mesurés entre crochets et 30mm en extérieur. Quant au rayonnage, il est effectué avec 28 rayons Sapim CX-Ray (modèle plat haut de gamme) avec ligatures en guise de cerise sur le gâteau. Le poids de l’ensemble est de 1354g (616 et 738g pour l’avant et l’arrière), soit un excellent score qui les place non loin des fameuses Duke Lucky Jack. D’autant que depuis notre test, les dernières séries ont encore perdu 25g par jante et gagné, paraît-il, encore en solidité ce qui les rendrait utilisables en all-mountain par des pilotes propres. A 1599€ la paire, elles sont aussi à un tarif comparable et vu la qualité perçue de l’ensemble ainsi que du montage, on se dit que c’est pleinement justifié.

Asterion Edition One Carbon XC : le test terrain

Avec leur poids plume, les Asterion Edition One Carbon XC donnent directement de très bonnes sensations de nervosité et de vivacité sur le vélo. Elles rappellent en cela les NoTubes Valor ou encore les Duke Lucky Jack, même si les fameuses F-One restent un petit cran au-dessus. La qualité du montage assure aussi une parfaite transmission de l’énergie et les réactions sont archi directes.

Avec des jantes aussi basses et larges, nous attendions les Asterion Edition One au chapitre de la souplesse verticale et du confort. Ce ne sont pas des roues hyper raides et exigeantes, mais nous espérions mieux. Sur ce point, les Duke Lucky Jack restent selon nous un peu plus tolérantes. Ce sera surtout sensible sur un semi-rigide car sur un full-suspendu, la différence deviendra particulièrement ténue.

La rigidité latérale et le comportement en descente sont par contre tout à fait bluffants et les roues dégagent une impression de robustesse autant que de rigidité qui fait complètement oublier qu’on est en présence d’un modèle qui ne pèse que 1350g. Cerise sur le gâteau, même si nous les avons emmenées dans les pires coins que nous connaissons et confiées à nos testeurs « briseurs de matos », elles ont résisté à tous les traitements.

Verdict

En plus de la fiabilité des moyeux Aivee et de la qualité du montage Asterion que nous connaissons depuis longtemps, ces Edition One Carbon XC ajoutent des jantes à la fois légères et solides pour constituer un ensemble au rapport qualité/prix très intéressant. Nous les destinerions plus à un full qu’à un semi-rigide en raison de capacités d’absorption un peu en retrait par rapport à certaines concurrentes, mais des pilotes lourds ou plus agressifs pourront les utiliser sans arrière-pensée.

Asterion F-One Carbon : l’exclusivité domptée

Avec les F-One, nous sommes ici en présence du fleuron de la marque. Moyeux et rayons sont identique aux Edition One, mais la jante est ici un modèle très exclusif produit en Italie par SG Compositi avec des fibres T1000 particulièrement rares, chères et complexes à mettre en forme.

Le résultat, c’est une jante qui arrive à un poids sous les 300g en 22,5mm de large et à peine au-dessus en 25mm, tout en se montrant particulièrement rigide et en préservant une solidité compatible avec un usage XC/marathon sans arrière-pensée.

Mais tout cela a un coût, qui se monte à 2699€, soit 1100€ de plus que les Edition One ! Quant au poids, il n’est que de 1276g (576g pour l’avant et 700g tout rond pour l’arrière). Un record pour des roues de 29 » et à ce niveau, gagner plus de 30g (10%) sur les seules jantes relève de l’exploit… mais le surcoût est impressionnant et leur tarif les réservera à une diffusion confidentielle, même s’il apparaît plus justifié pour un produit haute-couture comme ici que dans le cas de certains modèles de grandes marques vendus eux aussi plus de 2000€.

Asterion F-One « wide » : le test terrain

Par rapport au premier modèle que nous avions testé, cette version à jantes larges des Asterion F-One nous a semblé presque métamorphosée ! On garde quasi la même nervosité et l’explosivité absolue dans les relances, comme sur le modèle plus étroit, mais on perd le côté ultra exigeant.

C’est un peu comme si le monstre avait été apprivoisé et dompté. On a du mal à croire que la seule largeur de jante puisse occasionner un tel changement et, même si rien dans la construction de la jante ne change (nous avons tout de même constaté un bien meilleur niveau de finition sur les jantes de ce deuxième modèle de test que sur le premier), le profil a été légèrement modifié et elles perdent 2mm de hauteur par rapport à la première génération.

Malgré leur hauteur un peu plus importante que les Edition One (26,5mm contre 20mm), la tolérance et la dissipation des vibrations nous a semblé supérieure et l’évolution du rapport largeur/hauteur comparé à la version étroite a des effets très bénéfiques. Le pneu travaille aussi nettement mieux et il n’y a plus de sensation d’avoir un vélo sautillant sur les impacts.

On reste en présence d’un produit très pointu et exclusif, mais qu’on peut emmener sur des terrains nettement plus variés que le premier modèle testé. Elles se prêteront parfaitement au montage sur un semi-rigide très léger ou sur un full du même acabit, même si leur tarif et leur légèreté restent toujours présents dans un coin de la tête et empêchent parfois de se lâcher complètement. Il n’y a pourtant pas de raison car Asterion nous a donné le feu vert pour pousser les F-One à bout sans que nous ayons à payer les pots cassés… et nous les avons rendues en parfait état malgré nos tentatives pour les prendre en défaut (sans toutefois sortir d’un programme XC).

Verdict

Même si leur tarif les place hors de portée de la plupart des bikers, c’est intéressant que ce genre de produit existe car il repousse les limites de ce qui semble possible. Pour ceux qui peuvent se le permettre, elle permettent d’entrer dans un nouveau monde au niveau des sensations d’accélération, de relance et en côte… sans plus devoir assumer le revers le la médaille en descente grâce à un profil de jante nettement plus adapté à un usage dans le cadre d’un programme XC contemporain avec sauts, rock-gardens et autres passages hyper techniques.

DT Swiss XMC 1200 (2017) : l’étalon

Depuis, la gamme DT Swiss carbone a évolué, et les XRC sont passées en 25mm de large avec une hauteur moins importante que sur les XMC (25mm contre 30mm) pour augmenter la souplesse verticale et les XMC sont passées en 30mm de large. Les XRC 25 sont désormais le choix de Nino Schurter et certains comme Florian Vogel utilisent les XMC 30 aussi en XC. 30mm, cela nous semble beaucoup pour cet usage mais nous attendons de tester pour nous prononcer.

En attendant, comme nous avons accumulé beaucoup de kilomètres avec les DT Swiss XMC 1200 (et notamment le Cape Epic ainsi qu’un paquet d’autres épreuves), ce qui nous permet d’avoir un bon recul au niveau de la fiabilité ; comme il reste possible de trouver les « anciennes » XMC 1200 assez facilement (et à des tarifs intéressants) dans plusieurs boutiques ; et enfin étant donné que ces roues ont été très présentes en monte d’origine sur de nombreux vélos haut de gamme, nous avons tout de même choisi de les inclure dans ce dossier.

Les DT Swiss XMC 1200 ont 28 rayons droits croisés par 3, placés sur des moyeux DT 240s SP particulièrement bien usinés et dont le design se démarque du reste de la production. Par contre, on peut regretter qu’ils soient uniquement en Centerlock, ce qui impose l’ajout d’adaptateurs assez lourds (30g pièce) pour repasser en 6 trous. La finition des jantes est aussi superbe avec une déco qui, comme chez 9th Wave, est placée sous le vernis pour éviter les aspérités et améliorer la durabilité. Comme toujours chez DT Swiss, le montage est parfait et fait figure à nos yeux de référence pour une marque généraliste et qui doit gérer les contraintes liées à une production de masse.

Avec 1452g, elles se positionnent en intermédiaire entre des roues plus typées All-Mountain, comme les RAR de ce test, et des modèles purement XC comme les Asterion Edition One. Elles sont aussi plus légères que les 9th Wave… mais aussi beaucoup plus chères puisque le prix officiel est de 2199€ ! Un tarif qui, malgré la qualité de l’ensemble, nous paraît surfait… et avant tout destiné à valoriser les vélos sur lesquels elles sont présentes en première monte ! On les trouve d’ailleurs assez facilement autour de 1500/1700€, ce qui nous semble un tarif plus réaliste pour ce genre de produit.

DT Swiss XMC 1200 : le test terrain

Dans ce dossier où on retrouve surtout des roues de petites marques et de monteurs, il est intéressant d’avoir un modèle comme les DT Swiss XMC 1200 pour voir ce qu’une grande marque habituée à la production en grande série et à la fourniture directe aux fabricants de vélos peut proposer dans ce créneau haut de gamme. Bon, nous n’avons pas choisi n’importe qui et les produits DT font figure selon nous de référence parmi les marques généralistes, tant au niveau du comportement sur le terrain que de la qualité.

Avec les XMC 1200, DT Swiss a mis le doigt dans l’engrenage de l’élargissement des jantes. Et c’est tant mieux ! Car les cercles des XMC sont particulièrement rigides. C’est aussi le cas des XRC 1200 qui, même en étant plus bas, sont faits dans un carbone qui ne laisse que peu de place à la filtration des vibrations. Mais là où les XRC 1200 se montrent plus exclusives avec leurs jantes plus étroites, les XMC rattrapent le coup en permettant aux pneus de mieux s’exprimer.

1,5mm de largeur en plus, cela peut paraître insignifiant, mais en fait cela change tout. Nous avons eu l’occasion de comparer directement les XRC et XMC sur un même vélo et la différence est assez claire. Si vous ne nous croyez pas, faites le test, vous serez surpris ! Néanmoins, de par leur forme et le type de fibres utilisées, les XMC restent tout de même des roues qu’on évitera de mettre sur un semi-rigide. Sur un full, elles ne nous ont pas usé sur une épreuve comme le Cape Epic, mais on sent qu’il faut être équipé de bonnes suspensions et de pneus larges pour contrebalancer leur rigidité.

Le bon côté, c’est qu’elles sont d’une précision redoutable sans pour autant verser dans le caricatural. Elles sont capables de se « donner » un peu dans les appuis et de faire preuve de tolérance dans les descentes même s’il faut éviter d’avoir un pilotage trop désinvolte ou de les laisser diriger le vélo. Il n’y a qu’un patron aux commandes, c’est vous, et c’est bon de le leur rappeler de temps en temps.

Au niveau rendement, c’est bon, très bon même, mais vu leur poids, on s’attendait à une différence plus marquée par rapport aux 9th Wave également testées dans ce dossier, ou même par rapport aux RAR Even. En fait, DT semble gagner par mal de grammes sur le moyeu et les rayons Aerolite mais moins sur les jantes, ce qui pourrait expliquer notre ressenti. On ne joue en tout cas pas dans la même cour que les Asterion Edition One, des Duke Lucky Jack, et encore plus des Asterion F-One.

Autre bon point pour la solidité qui est à toute épreuve… du moins si on ne les sort pas de leur programme. Sessions d’entraînement, découverte des plus beaux singles de Stellenbosch en Afrique du Sud, participation au Cape Epic et à plusieurs marathons belges : rien n’en est venu à bout et elles sont encore comme neuves. Même la finition a parfaitement résisté et les griffes sont rares. Par contre, quand on les voit montées sur des vélos comme un YT Jeffsy ou d’autres machines dont le débattement et la géométrie poussent au crime en descente, on allume les warnings ! Nous avons eu plusieurs retours de casse de la part de bikers qui les ont prises pour des roues d’enduro vu les vélos sur lesquels elles étaient montées. Et là, gare à la facture.

Verdict

Les DT Swiss XMC 1200 font un peu figure d’étalon dans ce test. Une grande marque comme DT Swiss doit, vu ses volumes de production, faire certains choix. On sent notamment au niveau de la jante que rien n’a été négligé au niveau de la solidité, quitte à pénaliser un peu la dissipation des vibrations. Aucune concession n’est faite sur la qualité et la durabilité, ce qui est important, et le comportement ne déçoit pas, même s’il n’est pas aussi typé et flamboyant que chez Asterion ou Duke par exemple. A plus de 2000€, leur tarif est surfait. Mais autour de 1500€ ou en monte d’origine sur un full de XC/marathon en 100/120mm de débattement, il n’y a pas de risque d’être déçu.

Images d’action : Sportograf.com

9th Wave Dirt SM 29 Boost : la fibre à prix doux

Chez 9th Wave, le premier prix démarre juste au-dessus de 1000€ et les 9th Wave Dirt SM Carbon Boost 29 testées ici sortent à 1249€, ce qui en fait les roues carbone les moins chères que nous ayons eu l’occasion de tester. Plusieurs modèles de jantes sont disponibles : les SL en 22mm de large annoncées à 340g et destinées au XC, les SM testées ici en 24,5mm annoncées à 375g, les SW avec jantes en 29,5mm et enfin un modèle Plus en 35mm.

Cerise sur le gâteau, la déco des jantes est entièrement personnalisable et on peut se permettre pas mal d’excentricités, comme sur nos roues de test où les inscriptions 9th Wave sont zébrées. A noter qu’il ne s’agit pas de simple stickers collés mais de peinture, ce qui donne un aspect bien plus valorisant ainsi qu’une meilleure durabilité.

Les moyeux d’origine asiatique sont de très belle facture, et en bonne marque du Nord, 9th Wave a porté une attention particulière au choix des roulements, à leur graissage et à leur protection. Ils sont aussi surdimensionnés. Les moyeux sont disponibles dans tous les standards d’axe possibles ainsi qu’en body Shimano ou Sram. Seul petit bémol : le corps de roue-libre Shimano a tendance à se marquer rapidement. Mais c’est avant tout visuel et juste gênant quand on veut retirer la cassette et que certains pignons se montrent récalcitrants.

9th Wave emploie 28 rayons ronds de fine section sur chaque roue, croisés par 3. Le design asymétrique des jantes permet de bien équilibrer les tensions et on constate que le montage est bel et bien réalisé avec grand soin, même si on atteint pas le niveau de méticulosité d’un RAR ou d’un Asterion. Le poids de l’ensemble est de 1536g (712 et 834g), ce qui les positionne dans la même catégorie que les RAR Even ou les DT Swiss XMC 1200 également présentes dans ce test, c’est à dire des roues qui restent légères mais qui sont prévues pour résister aux pires traitements.

9th Wave Dirt SM 29 Boost : le test terrain

Au premier contact, la différence entre les moyeux imposants et les jantes surdimensionnées des 9th Wave Dirt SM par rapport à la finesse des rayons a de quoi surprendre. En cela, ces roues rappellent un peu les Specialized Roval qui emploient des composants aux gabarits similaires. L’objectif est double : apporter un peu de souplesse aux roues et aussi jouer le rôle de fusible en cas de rencontre avec un obstacle qui se prendrait dans les rayons. Nous l’avons expérimenté avec une grosse branche qui a cassé 5 rayons d’un coup… sans détériorer la jante et sans même occasionner un voile réellement impressionnant.

Les 9th Wave Dirt SM ont beau ne pas être hyper légères, elles font preuve d’une belle petite élasticité dans les relances et on sent qu’elles renvoient très bien l’énergie ; un trait commun à beaucoup de roues carbone de qualité. Les jantes semblent d’ailleurs bien légères et il semble que le surpoids provienne plutôt des moyeux, sur lesquels 9th Wave a voulu jouer la carte de la sécurité. Et c’est un bon choix car en matière d’inertie, cela ne se sent que très peu.

Les jantes 9th Wave sont très rigides, mais leur largeur et les flancs bas permettent au pneu de bien jouer son rôle d’amortisseur. Nous les avons roulées dans la caillasse dans le désert Israélien en plus de nos terrains habituels et elles ne se sont pas montrées usantes ou vibrantes. Elles sont néanmoins plus adaptées à un full selon nous.

Un gros point fort de ces 9th Wave, outre leur prix compétitif, c’est la solidité de leurs jantes. Lors de notre périple en Israël, si les locaux sont bien équipés, nous avons vu quelques étrangers faire les frais des cailloux locaux et rentrer avec pneus lacérés et jantes ruinées après certaines étapes. Ici, ce n’est pas le cas et la finition des 9th Wave Dirt SM a aussi prouvé sa très grande solidité. On évitera tout de même de les sortir d’un programme marathon/AM car pour tirer vers l’enduro, leur pointe de souplesse latérale ne sera plus un atout mais au contraire un défaut qu’on va ressentir dans les gros appuis.

Verdict

A l’issue de ce test, ces 9th Wave Dirt SM sont une belle surprise et montrent qu’il est possible de disposer d’un produit de qualité sans débourser beaucoup plus que pour un modèle alu haut de gamme. Solidité et finition au top sont au rendez-vous et même si on apprécierait de pouvoir les monter en option avec des rayons plats type Sapim CX-Ray ou des modèles de section un peu plus importante pour augmenter un peu leur rigidité et donc leur spectre d’utilisation (vers l’enduro light, pour des pilotes plus lourds voire même un usage ebike vu que les jantes semblent indestructibles), l’ensemble actuel est cohérent pour un usage XC hard et des pilotes pas trop lourds.

Roues Artisanales Even Carbon : la robustesse avant tout

Nous les avons sélectionnées car elles offrent des jantes de 26mm de large et un tarif qui reste « raisonnable », avec 1533€ la paire. Elles pèsent 1550g, ce qui n’est pas particulièrement léger, mais elles sont annoncées comme particulièrement résistantes et pouvant largement sortir d’un programme XC. Nous ne nous en sommes d’ailleurs pas privé ! Dans la gamme, on trouve aussi les Exalt, plus étroites (21mm entre crochets et 28mm externe) et très légères, qu’on peut comparer directement aux Asterion F-One tant au niveau du poids (1250g la paire annoncés) que du prix (2950€).

Le profil des jantes RAR Even est asymétrique (3mm), bas et large. La hauteur est de 26mm pour une largeur externe de 32mm et de 26mm en interne. L’épaisseur de carbone montre qu’elles sont pensées pour la robustesse et elles pèsent 410g pièce en 29″, mais l’usage de fibres Toray T800 et le type de résine sélectionné entend préserver un minimum d’absorption des vibrations.

Le montage est réalisé entièrement par RAR et Adrien Gontier qui, à l’image d’Asterion et Duke, fait honneur à l’image des monteurs de roues français. Il ajoute sa « patte » en ayant recours à un montage un peu particulier, puisque des rayons de section différenciée sont utilisés de chaque côté de la roue pour renforcer le côté faible de la roue et équilibrer les raideurs gauche/droite. Le croisement des rayons de chaque côté de la roue est différent pour faciliter le transfert de couple d’un côté, et améliorer la raideur latérale de l’autre.

Du côté des moyeux, notre paire de test est équipée en Tune King Kong. Une marque avec laquelle RAR travaille depuis longtemps, et elle dispose d’ailleurs de modèles à la finition personnalisée, mais pour ce modèle plus polyvalent et orienté vers la fiabilité, Adrien Gontier se tourne aujourd’hui vers des modèles Acros plus en phase avec le programme des Even. Cerise sur le gâteau qu’on peut se permettre quand on fait appel à un petit monteur, il est possible de personnaliser ses roues au niveau des coloris (stickers sur les jantes, moyeux et même couleur des rayons). Enfin, cerise sur la cerise, on reçoit même de très belles housses de roues lors de l’achat.

RAR Even Carbon : le test terrain

Les RAR Even en imposent d’emblée et la jante apparaît comme très massive. La finition est superbe, tout comme la qualité du montage. Mais cela ne fait pas tout et nous étions impatients de mettre à l’épreuve ce modèle en carbone car, malgré ses qualités au niveau du comportement, nous avions pris en défaut les Tempo AM en alu quand nous les avions emmenées vers un programme plus enduro auquel les jantes n’avaient pas résisté.

Ici, la solidité n’est pas un vain mot. Montées sur plusieurs vélos, du semi-rigide XC jusqu’au bon gros full AM/Enduro capable de descendre de belles spéciales plein gaz, nous ne leur avons rien épargné. Et elles ont magnifiquement résisté. Pas de voile, ni de saut, ça on s’y attendait, mais les jantes sont restées comme neuves. Les impacts avec le sol, inévitables quand on se lâche et qu’on est adepte des basses pressions, ne leur font pas peur et la finition est aussi très résistante aux rayures.

Du coté du comportement pur, les RAR Even cachent bien leur relatif embonpoint. On sent qu’ici le carbone a été utilisé surtout pour augmenter la solidité et la rigidité latérale par rapport à un modèle en alu mais l’ensemble ne fait pas du tout tâche sur une machine de XC. Les accélérations sont très franches et quand on monte au train on a bien l’impression d’avoir une paire de roues légères entre les pattes même si on est évidemment loin des sensations offertes par des Asterion F-One par exemple. Mais le programme n’est pas le même.

La dissipation des vibrations est bonne malgré la construction des jantes et leur section imposante, et leur largeur ainsi que la forme des crochets permet au pneu de s’exprimer pleinement au niveau du grip et de l’absorption des impacts. A 26mm, on commence néanmoins à rentrer dans des largeurs où il faut faire un peu attention au choix des pneus. 2.2 est un minium et c’est avec du 2.3, voire du 2.4 qu’on obtient ici les meilleurs résultats.

Verdict

Les RAR Even sont sans doute le produit le plus polyvalent de ce test. Cela se paie un peu au niveau du poids quand on envisage un usage XC, mais on dispose de roues hyper solides, très bien montées qui prolongeront et magnifieront les qualités d’un bon full XC au montage typé raid/aventure ou d’un all-moutain qu’on veut pouvoir emmener partout. Le tarif reste aussi tout à fait acceptable vu le produit dont on dispose et on ne peut qu’espérer que la gamme RAR sera bientôt complétée par un modèle plus typé XC et plus léger que ces Even, tout en restant sur un profil plus large et un tarif plus contenu que les très exclusives Exalt.

Conclusion

En présence de produits haut de gamme, les attentes sont élevées. Et il est heureux de constater qu’aucun produit de ce dossier ne déçoit. A plus de 1000€, voire bien au-delà des 2000€ pour certains modèles, c’est un minimum. Vu que le risque de déception et les gros défauts sont écartés, c’est dans la nuance que notre conclusion va devoir rentrer pour vous aider à bien cerner quelle paire de roue convient le mieux à quel type d’usage.

Les 9th Wave montrent qu’il est possible d’avoir un bon produit, avec des jantes plus rigides et solides que des modèles en alu, pour un tarif pas forcément beaucoup plus élevé. Et enfin, s’il est question d’avoir de vraies roues à tout faire, du XC à l’enduro light, les RAR Even sont sans aucun doute le meilleur choix, avec des traits de caractère proches des DT Swiss mais en version plus musclée et pour un tarif bien plus doux.

Les roues carbone sont aujourd’hui à mâturité, mais il reste encore sans aucun doute beaucoup de belles évolutions à venir. Et nous ne manquerons pas d’actualiser ce dossier en conséquence, ainsi que de nous intéresser à l’offre pour d’autres segments, comme l’enduro.

Pour poursuivre votre lecture : notre premier grand test de roues carbone

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Par Olivier Béart

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