Matos | Nos trouvailles dans les paddocks de Val di Sole (UPDATE)
Par Olivier Béart -
La finale de la Coupe du Monde Dh se déroule actuellement à Val di Sole en Italie, sur une des pistes que beaucoup décrivent comme parmi les plus difficiles de la saison. Nous avons passé un peu de temps dans les paddocks, à la recherche de quelques nouveautés intéressantes. Voici ce que nous avons déniché ! Et restez attentifs, nous mettrons à jour cet article régulièrement tout le week-end en y ajoutant de nouvelles pages au fur et à mesure.
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Le nouvel Intense M29 carbone de Jack Moir
A propos des disques, s’ils vous semblent grand, c’est normal : il s’agit d’un nouveau format en 220mm pour un peu plus de puissance… et aussi un meilleur refroidissement ?
Le mécano et le team manager ne sont pas très généreux en détails techniques, mais ils nous lâchent tout de même un scoop : il devrait s’appeler Intense M29 Carbon !
Le cadre est entièrement en carbone, sauf la biellette inférieure en aluminium qui accueille des roulements intégrés et des ports graisseurs.
Les biellettes supérieures sont magnifiquement intégrées et font aussi office de protection contre la boue qui ne peut accéder à l’avant du cadre. Le débattement devrait-être variable, de 180 à 200mm.
Si tu freines, t’es un lâche !
Contrairement au Quarq Shockwiz ou des capteurs de puissance qui sont la base de l’activité de cette branche du groupe Sram, il ne s’agira sans doute jamais d’un produit grand public.
Ce système est destiné d’une part à recueillir des données permettant d’améliorer les freins Sram, mais aussi de monitorer les habitudes de freinage des pilotes… et de voir si justement ils n’ont pas de mauvaises habitudes comme celle de laisser leur doigt sur les leviers et de faire frotter légèrement les plaquettes. Il n’y a pas de petit profit ! Cerise sur le gâteau, les données peuvent-être transmises en temps réel dans les paddocks. Là, ça commence à devenir du sérieux.
Le refroidissement et les vibrations, c’est la clé !
On constate que plusieurs équipes portent une attention toute particulière au refroidissement et à l’élimination des vibrations, des freins notamment mais aussi des amortisseurs. Ainsi, chez Trek, sur les vélos de la famille Atherton…
… nous avons aperçu ces espèces de petits ventilateurs montés au-dessus de l’étrier de frein arrière ! Renseignements pris, ce dispositif a surtout pour but d’éliminer les vibrations au freinage, même si les ailettes permettent aussi de guider un peu l’air vers les freins. On ne trouve d’ailleurs pas les plaquettes avec radiateurs intégrés de Shimano sur les étriers des Atherton.
Le Santa Cruz V10 27,5 » de Loris Vergier
Pour Val di Sole, Loris Vergier a préféré repasser sur son Santa Cruz V10 en roues de 27,5 » sur cette piste très raide. Son mécano nous explique que choix a été fait après avoir testé les deux options et constaté que l’agilité des petites roues donne de meilleurs résultats sur cette piste en ce qui le concerne….
… et cela lui a plutôt bien réussi puisqu’il termine sur le podium !
Maxxis prototype DH 29″
Toujours sur le stand Santa Cruz Syndicate, nous avons vu que Greg Minnaar roule sur son Santa Cruz V10 29 » avec un nouveau dessin de chez Maxxis. Il s’agit d’un développement commun entre le pilote et la marque ; le champion souhaitant quelque chose entre le Minion DHF 2 et le High Roller, avec également en tête les spécificités du 29. La sortie de la version de série serait imminente.
Le nouveau Transition TR11 de Tahnee Seagrave
Tahnee Seagrave dispose de la version finale du Transition TR11 carbone avec laquelle on l’a déjà aperçue plus tôt dans la saison.
Plus léger de 2kg que l’aluminium, il dispose aussi d’une nouvelle suspension plus progressive, pensée pour fonctionner avec des amortisseurs à ressort.
Une nouvelle biellette pour le Canyon Sender ?
Tiens, cette biellette usinée et brute sur certains vélos du team Canyon ne semble pas vraiment conforme à celle de série. Troy Brosnan a eu l’habitude de disposer de biellettes custom lorsqu’il roulait chez Specialized, il a peut-être soufflé le mot dans sa nouvelle équipe. Il s’agit en tout cas d’un moyen efficace de modifier la courbe de suspension. L’amortisseur semble aussi être un prototype de chez RockShox.
Le Polygon R3act DH prototype de Tracey Hannah
Il s’agit d’une version très particulière d’un 4Bar Linkage, avec un bras arrière articulé autour de deux biellettes. Ce système de « slider » permet d’obtenir une très grande neutralité de la suspension au pédalage sans compromettre l’efficacité de la suspension.
La version d’enduro se démarque par son débattement généreux (180mm) et des bases très courtes (425mm). Qu’en sera-t-il de ce prototype Polygon DH équipé de la même suspension R3act ? Actuellement, on ne peut faire que des spéculations car l’équipe et la marque ne donnent aucune information…
Par rapport à la version enduro, on peut juste noter que les biellettes sont plus imposantes et que l’amortisseur n’est plus ancré sur le tube supérieur mais bien sur le tube diagonal.
Le Specialized Demo 8 « Lava » de Loïc Bruni par Jack Roure
Nous sommes allés voir son mécanicien, le mythique Jack Roure, pour qu’il nous en dise un peu plus.
Le cadre lui-même est peint en Italie, chez un artisan spécialisé. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’est donné sur cette peinture ! D’ailleurs, Loïc Bruni aurait déjà dû l’avoir à Mont-Ste-Anne, mais le vélo n’est finalement arrivé qu’ici à Val di Sole. Petit détail hautement symbolique avec le #longlivechainsaw en mémoire de Stevie Smith.
Au-delà de la couleur, qu’y a-t-il de spécial sur ce vélo ? Plein de choses… tellement qu’il est difficile de vraiment savoir par où commencer. Bon, disons les suspensions, une des grandes spécialités de Jack Roure.
« La fourche, je ne peux pas dire grand chose car c’est encore un proto » ! Ah, zut, ça commence mal. On le voit, il s’agit d’une Ohlins et les rumeurs disent qu’elle offre 215mm de débattement.
Par contre, sur l’amortisseur et la biellette, Jack est plus bavard. « C’est une biellette spécifique pour Loïc, mais elle reste désormais la même toute la saison. On a figé ce paramètre. Maintenant, je joue plus avec l’amortisseur. »
A ce moment, Jack nous ouvre son grand tiroir magique : « Là, tu vois, on peut jouer un peu », nous dit-il avec un sourire malicieux. « On a des données sur toutes les pistes, donc je peux préparer plusieurs settings à l’avance à l’atelier en recréant des runs sur la dyno. Puis, tout au long du week-end pendant les séances d’entraînement, Loïc roule avec un vélo équipé de télémétrie et on affine en fonction de l’état de la piste et des petites modifications qui ont lieu chaque année ou au fil des passages des pilotes. Entre les différents ressorts et les réglages hydrauliques, on a de quoi faire. »
Au niveau du poste de pilotage, Loïc Bruni roule avec le cintre en alu de chez Joystick. « Lolo n’aime pas le feeling du carbone. C’est trop souple pour lui. Il roule en 780mm de large et en 20mm de rise habituellement mais ici on est passés à 28mm car la piste de Val di Sole est très raide. Par contre on n’a pas de spacers en plus sous la potence. »
Pour la transmission, Loïc Bruni roule avec du Sram XO1 DH mais l’ensemble des logos est masqué car il n’est plus officiellement sponsorisé par la marque. De petits morceaux de papier de verre assurent un grip parfait sur les commandes du changement de vitesses.
Pédales Crank Brothers Mallet DH, selle Specialized Phenom et tige de selle Thomson Elite.
On remarque aussi les nouveaux freins Formula Cura avec étriers à 4 pistons. Pas mal de teams commencent à passer sur des disques de 220mm en DH mais ici on reste sur du 200. « C’est déjà bien assez ! Après, c’est trop, du moins sur ces freins là », ajoute Jack.
Les leviers sont spécifiquement usinés pour Loïc, avec une forme longue et plate.
Côté pneus, Loïc Bruni ne change pas ses habitudes sur son Specialized Demo 8 pour Val Di Sole. « Certains montent du plus large à l’avant, mais nous on conserve du 2.3. »
Enfin, on termine cette revue par « le détail qui tue » : l’ensemble du vélo est équipé de roulements CeramicSpeed, désormais sponsor des teams XC et DH de Specialized. « La différence se joue à la marge, mais à notre niveau où on court après le moindre centième de seconde, c’est quelque chose à ne pas négliger. Nous sommes parmi les seuls à utiliser des roulements céramique en DH. Cela demande un peu plus de maintenance car il faut que ce soit très propre et bien graissé pour fonctionner parfaitement, mais ce sont de belles pièces. »
Allez, on laisse Jack terminer de peaufiner ses réglages et on vous donne rendez-vous très vite pour d’autres trouvailles des paddocks de Val di Sole ! Stay tuned !
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