Portfolio | Worlds XC 2017 – Cairns : de la poussière, émergea la Suisse

Par Olivier Béart -

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Portfolio | Worlds XC 2017 – Cairns : de la poussière, émergea la Suisse

Les championnats du Monde 2017 ont livré leur verdict à l’autre bout de la terre, à Cairns en Australie, par une chaleur accablante et sur un tracé aussi poussiéreux que piégeux. Retour en images sur la course la plus importante de l’année, sur la domination Suisse de Jolanda Neff et Nino Schurter, ainsi que sur les performances de nos compatriotes.

Neff, par-delà les chutes et les crevaisons

Dès le départ, la fusée suisse est en marche, et elle a trois étages : Linda Indergand emmène Jolanda Neff et Kathrin Stirnemann qui se souvient de son expérience en XC Eliminator pour faire un start canon. Elle va cependant rapidement décrocher, au contraire de Linda Indergand qui va rester aux avant-postes un peu plus longtemps avant de voler au tapis et de reculer loin dans la hiérarchie.

Pauline Ferrand-Prevot, elle, prend un bon départ mais elle est encore loin de la tête et elle doit s’extirper du peloton dans le premier tour à cause de son dossard 18. Une tâche particulièrement difficile sur ce circuit étroit et rempli de pièges. Sans oublier la poussière qui rend la respiration et la visibilité précaires dans le trafic.

Mais la Française a retrouvé ses meilleures jambes ! Ses dernières performances de la saison, en VTT comme sur route (2e à Mont-Ste-Anne notamment), étaient encourageantes, mais elle montre ici qu’elle a autant le physique que le mental pour jouer le podium.

En tête, Jolanda Neff a décroché tous ses adversaires et elle commence son cavalier seul. Véloce dans les montées…

… et agressive dans les descentes avec un pilotage incisif, parfois limite, mais qui passe toujours. « Une vraie master-class de VTT », s’exclame Rob Warner dans ses commentaires au micro de Red-Bull TV !

Juste derrière elle, Annie Last se profile comme sa plus dangereuse rivale en s’installant solidement à la deuxième place… jusqu’à ce qu’une certaine Pauline Ferrand-Prevot surgisse de nulle part et la dépasse de façon autoritaire !

Mais quelques mètres plus tard : coup de théâtre ! Pauline Ferrand-Prevot crève et doit laisser filer Last mais aussi Kalentieva. Bien sûr, c’est un contretemps fâcheux, mais signe qu’elle est en pleine confiance, PFP ne s’affole pas et rejoint la zone technique à plat en ne perdant qu’une petite minute dans la mésaventure. Cela aurait pu être pire.

Annie Last en profite pour occuper définitivement la 2e place et conclure en beauté une saison qui l’a vue émerger au plus haut niveau.

Pauline Ferrand-Prevot ne rattrapera pas la Britannique, mais elle va malgré tout réussir à reprendre la 3e place car c’est ensuite au tour de Kalentieva de crever ! Elle terminera finalement 5e après s’être fait doubler par Maja Wloszczowska.

La course va aussi s’avérer cruelle pour Annika Langvad, la championne sortante, jamais dans le coup. Yana Belomoina, la révélation de l’année et vainqueur du général de la Coupe du Monde, va aussi faire les frais du cruel parcours australien. Victime d’une chute aux entraînements, elle devra abandonner après seulement deux tours lors de la course.

Du côté belge, Githa Michiels a souffert de la chaleur et d’un parcours ne lui convenant pas vraiment. Elle prend tout de même une très correcte 21e place.

A l’arrivée, alors que Jolanda Neff, Annie Last et Pauline Ferrand-Prevot savourent…

… la déception et la souffrance se lisent sur d’autres visages. Kalentieva maudit ce fichu pneu crevé (qui ne l’a néanmoins pas beaucoup plus retardée que PFP) et Emily Batty commence doucement à sentir la douleur de sa jambe meurtrie lors d’une chute en fin d’épreuve. Ce qui ne l’a pas empêchée de remporter le sprint pour la 7e place, alors qu’on se rendra compte par la suite que son genou était profondément lacéré. Il nécessitera même une petite opération !

Sur le podium, on retrouve trois grands talents, de vrais diamants bruts qui ont tous connu des hauts et des bas ces dernières années… mais qui brillent aujourd’hui au sommet.

Pas le temps de se reposer, place maintenant à la course des hommes !

Schurter, une machine bien huilée

Sous un soleil écrasant, le paradoxe est qu’à l’échauffement… il faut rester le plus frais possible !

Par contre, Nino Schurter surveille et contrôle déjà ses adversaires du coin de l’oeil. Même si personne n’est infaillible, ce sera dur de battre le Suisse aujourd’hui.

Par contre, alors que certains s’attendent à voir Schurter ne rencontrer aucune opposition, d’autres ne l’entendent pas de cette oreille. A commencer par Jaroslav Kulhavy, qui a connu une saison difficile mais qui a montré à Lenzerheide qu’il était toujours capable de sortir de grosses courses. Et le parcours de Cairns lui convient à merveille. Le Brésilien Avancini va aussi créer la surprise en pointant aux avant-postes en début d’épreuve, sur un tracé qui rappelle fort ceux de son pays d’origine.

Même s’il ne va pas réussir à tenir le rythme des premiers, il ne va pas réellement faiblir et il décrochera une magnifique 4e place. Son meilleur résultat mondial à ce jour !

Avancini un peu dans le dur, un nouvel invité va se greffer à la tête de course. Et il est bien décidé à rester jusqu’à la fin du repas ! Regardez ce numéro 22 sur la gauche de l’image…

C’est Thomas Litscher, déjà très performant à Val di Sole et capable de coups d’éclats mais qui a rarement pu concrétiser.

Ici, il va même se permettre d’attaquer les deux stars à plusieurs reprises, et notamment dans les portions techniques où son pilotage n’a pas grand chose à envier à celui de Schurter. Sauf peut-être au niveau de la finesse et de la classe. Pendant ce temps, Kulhavy suit comme il peut en attendant la prochaine ascension pour recoller.

Comme à son habitude, Schurter maîtrise son sujet et se permet quelques excentricités.

Dans les deux derniers tours, le Suisse passe à l’attaque mais ni Litscher, ni Kulhavy ne se laissent faire. Schurter commet même de petites fautes en tentant de prendre les commandes et l’espace de quelques secondes, on se dit que le plan ne va peut-être pas se dérouler exactement comme prévu.
Mais pile au moment où cette idée saugrenue nous passe par la tête, Schurter remet les pendules à l’heure. Il place cette fameuse attaque qui lui a permis à chaque fois cette saison de s’envoler vers la victoire. Et Cairns ne fait pas exception à la règle.

Avec 6 titres de champions du Monde, il devient le pilote ayant collectionné le plus de maillots arc-en-ciel.

Après son Grand Chelem en Coupe du Monde, voici encore un record qui tombe.

Les Français

L’équipe de France disposait de nombreux atouts dans ses rangs, avec notamment Maxime Marotte qui, malgré ses redoutables qualités, n’a pas encore réussi à réaliser ce fameux coup d’éclat qui lui ferait tant de bien.

Stéphane Tempier est en grande forme aussi. Et Julien Absalon a prouvé avec sa 3e place à Val di Sole qu’il est revenu en pleine forme en cette fin de saison. Sans oublier bien sûr la jeunesse avec Titouan Carod et Jordan Sarrou qui démarre avec le n°2 comme plaque de cadre grâce à ses excellents résultats tout au long de la saison. Mais hélas rien ne va se passer comme prévu.

Julien Absalon, tout d’abord, a réalisé une course solide et constante. Mais le gros souci se situe au niveau du départ. Il ne reconnaît lui-même, il n’a jamais été un grand « starter ». Mais sa blessure cette saison n’a rien arrangé et c’est peut-etre là qu’on voit le plus les traces de son absence de plusieurs semaines.

17e à l’issue du start-loop, il n’a cessé de remonter mais il n’a pu faire mieux que 7e. Un très beau résultat dans l’absolu, mais qui laisse évidemment un petit goût de trop peu à l’échelle d’un tel champion.

Maxime Marotte a fait tout l’inverse. Bien parti, il n’a ensuite pas pu suivre le tempo imposé par les premiers. Pas vraiment remis de sa grosse allergie suite à une piqure de guêpe à Val di Sole, il termine 8e.
D’énormes espoirs reposaient sur Stéphane Tempier, surtout après ce qu’il a montré sur les dernières Coupes du Monde, où il est parvenu à chatouiller le maître Schurter. Mais hélas, sous la chaleur de Cairns, les jambes n’ont pas répondu. Déçu mais philosophe et sans regrets, il termine 15e.

Jordan Sarrou a quant à lui vu sa course brisée… en même temps que sa tige de selle ! Forcé de pédaler en danseuse pendant un bon moment, perdant du temps dans la réparation, il voit s’éloigner le top 10 qui lui semblait promis. Il est 26e.

Le résultat de son coéquipier Victor Koretzky ne dit pas tout…

32e, comme sa plaque de cadre, il a semblé prendre du plaisir et s’amuser sur la piste de Cairns. Multipliant les figures de style à défaut de pouvoir jouer les premiers rôles, il a déjà les yeux tournés vers 2018.

Enfin, malade, sans jambes, souffrant de maux de tête, Titouan Carod a subi les événements tout au long de l’épreuve. Il termine 60e.

Les Belges

Du côté de la délégation belge, le climat n’a pas apporté plus de réussite. Kevin Panhuyzen est 48e…

… Jens Schuermans est 54e.Il est suivi directement par Ruben Scheire qui est 55e.

Bye bye Cairns ! Maintenant, place à un peu de repos bien mérité avant de remettre le couvert en 2018 !

 

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Par Olivier Béart

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