Présentation & 1er essai | Pivot Trail 429, le mini Switchblade

Par Olivier Béart -

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Présentation & 1er essai | Pivot Trail 429, le mini Switchblade

Le Pivot Trail 429 fait partie de cette nouvelle génération de petits vélos délurés et à l’aise un peu partout. Par « petit », entendez par là qu’il n’a pas énormément de débattement (120mm dans ce cas-ci), mais que côté géométrie et conception il a tout d’un grand. Histoire, notamment, de pouvoir se montrer aussi à l’aise sur un XC occasionnel, que sur des trails agressifs. Vojo a eu l’occasion de le voir et de l’essayer avant sa sortie.

Pivot a ainsi souvent été une marque pionnière dans l’adoption et le lancement de nouvelles solutions techniques, souvent liées à l’intégration des composants. C’est aussi le cas pour le « Super Boost », un format de moyeu arrière nommé ainsi en clin d’œil au Boost qui, selon Pivot, ne va pas encore assez loin.

Pour faire simple, le Pivot Trail 429 est le remplaçant du Mach 429 Trail. Il abandonne donc l’appellation Mach et fait passer le mot Trail en premier, comme pour mieux marquer l’usage auquel il se destine et sa philosophie de conception. Il se rapproche aussi très fort du fameux Switchblade au niveau des solutions techniques adoptées (voir notre test ici).

Petit débattement, grandes ambitions

Comme son nom l’indique, le Pivot Trail 429 a une suspension arrière qui offre 120mm de débattement, soit 4 pouces pour nos amis anglophones. C’est la principale différence avec le Switchblade qui offre, lui, 135mm à l’arrière et 150/160 à l’avant, alors qu’ici on reste sur 130/140mm avec de préférence une plus « petite » fourche comme une Fox 34 plutôt qu’une grosse 36.

La suspension reprend toujours la fameuse cinématique DW-Link développée par Dave Weagle et qui fait les beaux jours de la marque depuis sa création. Ici, on la retrouve dans sa dernière évolution, qui profite surtout de la disparition du dérailleur avant et des contraintes qu’il représente pour ce type de suspension à deux biellettes. Pour l’inférieure, la présence potentielle d’un dérailleur avant imposait pas mal de contorsions, comme le déport vers la gauche sur le Mach 429 Trail de la précédente génération.

Ici, c’est fini, et Pivot en a profité pour élargir fortement la biellette inférieure (+25mm), ce qui profite à la rigidité du cadre. On remarque aussi qu’une petite protection prend place sur le dessus de cette biellette car elle a tendance à ramasser les cailloux et cela peut être très ennuyeux si ceux-ci viennent se coincer entre elle et le cadre ! A noter que cette protection est disponible contre quelques euros pour tous les anciens modèles de la gamme. Tous les roulements des deux biellettes bénéficient aussi d’une cure d’hormones de croissance, et s’inspirent directement du Switchblade. Enfin, s’il est monté d’origine avec un Fox Float, le Pivot Trail 429 peut recevoir en option un DPX2 plus musclé.

Le cadre est annoncé à 2,9kg avec amortisseur et il est garanti 10 ans. Le jeu de direction est intégré et peut recevoir une coupelle de +17mm, recommandée quand on roule en 27,5+ (dont le diamètre est un peu plus petit que le 29 tout de même) ou quand on veut tout simplement encore coucher un peu plus son angle de direction. Les gaines et Durit sont intégrées au cadre et solidement fixées aux extrémités pour ne pas bouger. Les protections du tube diagonal et de la base droite sont intégrées et remplaçables. Il y a aussi toujours une trappe près du boîtier de pédalier pour intégrer harmonieusement une batterie Shimano Di2 (la marque étant assez liée à Shimano).

Super Boost Plus, la clé des bases hyper courtes

Autre point important, repris du Switchblade également : le Pivot Trail 429 est équipé d’un axe arrière en Super Boost Plus. Derrière ce nom volontairement à rallonge et un brin provocateur, on retrouve une idée que Chris Cocalis est le premier à adopter mais qu’on risque de voir de plus en plus sur des vélos avec un peu de débattement et des géométries osées. Pour le Super Boost Plus, il est parti d’un axe 157DH en optimisant l’écartement des flasques pour les rayons, afin d’avoir une roue arrière plus rigide et qui lui permet aussi surtout de raccourcir les bases plus encore que n’importe quelle autre marque (sauf Knolly, qui utilise également le 12×157, et notre petit doigt nous dit que d’autres devraient suivre).

Le Super Boost Plus permet au Pivot Trail 429 d’afficher 430mm de longueur de bases, ce qui est un record absolu en 29 pouces. Et plus encore quand on sait que le vélo accepte des pneus jusque 2.6″ de large dans ce diamètre… et qu’il accepte aussi des roues en 27,5+ avec pneus jusque 3 pouces. Tout cela en laissant un dégagement confortable qui permet de ne pas craindre la boue même si les vélos sont nés sous le chaud soleil d’Arizona.

Outre le fait que le Super Boost Plus peut faire peur au premier abord parce qu’il s’agit encore d’un standard supplémentaire (encore que, comme on l’a vu, c’est plutôt une déclinaison plus large du standard en vigueur en descente), ce format a, selon nous, un seul vrai défaut : le fait qu’il impose un pédalier avec déport spécifique (ligne de chaîne de 56mm).

Chez Shimano, un Boost classique passe mais chez Sram il faut avoir recours à un kit OneUp pour décaler le plateau et chez Race Face (livré d’origine sur notre vélo de test) il faut prendre un axe plus long qui donne un Q-Factor de 173 à 177mm. Certaines personnes n’y sont pas vraiment sensibles, mais cela peut en déranger d’autres, même si le Pivot n’est pas le seul vélo à imposer l’utilisation d’un pédalier à Q-Factor élevé (d’autres machines en Boost « simple » en ont aussi besoin à cause de l’encombrement de leur triangle arrière).

Pour le reste de la géométrie, on remarque que Pivot reste fidèle à ses convictions, avec notamment une valeur de reach qui n’a rien d’extrême avec 440mm en taille M et 460mm en L. Bref, c’est long et dans la tendance, mais pas trop non plus.

L’angle de direction de 67,3° est bien couché pour la catégorie, et le tube de selle relativement droit (74°) mais pas non plus autant que d’autres vélos apparus aussi très récemment. A noter que le vélo est disponible en 5 tailles, du XS au XL, ce qui permet à la marque d’offrir des solutions pour des bikers (et bikeuses !) de 155 à 204cm.

Pivot monte ses vélos avec des potences de 55mm de long. Là aussi, rien d’extrême et au niveau de la fourche, Pivot reste sur un déport de 51mm et ne suit pas la nouvelle tendance des déports courts. Vu les choix décrits auparavant (cadre pas trop long, potence pas hyper courte,…) c’est assez compréhensible et nous verrons sur le terrain ce qu’il en est.

Equipements et versions

Le Pivot Trail 429 sera proposé en deux couleurs : bleu et rouge. Il y a en tout trois niveaux de montage : Race, Pro et Team, chaque fois proposés en version Shimano ou Sram (XTR ou XX1 en Team, XT/XTR ou XO1 en Pro et XT/SLX ou GX en Race).

Les composants varient également, notamment au niveau des suspensions (Fox Performance en Race, Factory en Pro et Team) et des roues (Sun Ringlé en Race, DT 1700 en Pro et DT 1501 en Team). Des options sont aussi disponibles, notamment au niveau de l’amortisseur (Fox DPX2 en option) et des roues (carbone en option).

Tous les modèles adoptent en tout cas au minimum une tige de selle télescopique, un montage en mono-plateau, des jantes de 28 ou 30mm de large et des pneus Maxxis Minion DHR devant et Rekon derrière en 2.4″ de section.

Enfin, au niveau des tarifs, on part de 5799€ pour le premier Race, jusqu’à 8999 ou 9999€ en Team (XTR ou XX1 Eagle) en passant par 6999€ pour le Pro XT/XTR que nous avons essayé ici. Cela reste cher et Pivot demeure une marque très haut de gamme, mais on notera que les tarifs sont stables, voire moins élevés que la génération précédente et sur le Trail 429 Pro, on est environ 800€ moins cher que les montages Pro d’autres modèles de la gamme.

La disponibilité est immédiate pour les vélos complets, déjà arrivés chez l’importateur français Mohawk’s, et le kit cadre (avec fourche/pédalier, à 4699€) arrivera d’ici 6 semaines. C’est justement avec l’équipe de Mohawk’s, ici photographiée dans ses nouveaux locaux en région parisienne, que nous sommes allés faire un premier essai du Pivot Trail 429 dans la forêt de Montmorency.

Pivot Trail 429 : premiers tours de roues

Premier point, dans le coin, il n’y a pas de longues côtes, mais par contre il y a de fameux pétards bien raides ! Dans ces conditions, on va vite tester les compétences de grimpeur du Pivot Trail 429. Sur la balance, ce n’est pas le plus léger avec 13,19kg en taille L (nous l’avons essayé en M, pour un pilote de 178cm. Le L est envisageable pour cette taille, mais le M était très agréable à nos yeux).

Il a de gros pneus plus solides et accrocheurs que roulants, qui pèsent pas mal dans l’addition (nous l’avons testé uniquement en 29). Et pourtant, il s’en sort très bien. Mieux vaut mettre l’amortisseur en mode intermédiaire tout de même pour bénéficier du maximum de pêche, mais par contre nous ne nous sommes jamais servis de la position la plus ferme.

Le vélo réagit très bien, conserve un bon grip et permet d’arriver vite en haut, que ce soit au sprint ou plutôt au train. Il vient aussi à bout des montées raides avec une belle facilité et une roue avant qui n’a pas tendance à partir en wheeling. Son poids se fait bien oublier et c’est encourageant si on envisage de longues sorties à son guidon. Nous avons roulé 3 bonnes heures pour un peu moins de 40 bornes, et c’est passé comme une lettre à la poste. Il ne faut juste pas le confondre avec une fine lame de pur XC-Marathon, ce n’est pas du tout son business. Disons qu’il peut faire le job, mais ce qu’il préfère, c’est quand le sentier devient plus sinueux. Qu’il y a des jumps aussi.

Dans les nombreux singles que nous avons empruntés et dans les descentes étroites et rapides, à défaut d’être vraiment très techniques (peu de cailloux ou d’obstacles au sol), le Pivot Trail 429 est dans son élément. Il est très (très) maniable, il tourne dans un mouchoir (merci les bases courtes, entre autres) et est facile à prendre en main avec sa géométrie équilibrée et plutôt passe-partout. On comprend vite le mode d’emploi pour appuyer sans arrêt sur la touche « plaisir », d’autant que c’est aussi un vélo qui s’envole à la moindre impulsion et qui est aussi très à l’aise sur les petits sauts.

Ayant roulé récemment plusieurs 29 » équipés de fourches à déport réduit, on sent bien que la direction est ici plus vive et qu’il faut un peu plus lui tenir la bride dans les quelques portions cassantes ou les virages pleins de racines que nous avons rencontrés, mais cela fait partie de la personnalité de ce Pivot et on ne peut en aucun cas parler de défaut. Juste de philosophie différente, et c’est bien que tout le monde ne suive pas toujours la même tendance, sinon ce serait bien morne…

Même s’il est full carbone et que Pivot a retravaillé le cadre pour en augmenter la rigidité, il n’a rien d’une barre à mine. L’avant et l’arrière se déforment légèrement dans les appuis et on sent le cadre travailler quand le sol est tourmenté ou qu’on met de l’appui. Rien de parasite, que du contraire, cela participe aussi à faire de ce Trail 429 un vélo facile et ludique… mais aussi très rapide.

Quand vraiment on décide d’attaquer, on voit qu’il en a sous la pédale et sa suspension arrière très onctueuse donne alors vite l’impression d’offrir bien plus que 120mm de débattement. Par rapport à d’autres vélos du même type que nous avons eu l’occasion d’essayer, il est plus facile et tolérant qu’un Orbea Occam TR, qui est par contre plus léger, rigide, exigeant et axé performance même s’il est aussi très bon sur terrains très techniques. Un Spark 120 est aussi beaucoup plus typé marathon. Le Pivot nous a par contre beaucoup fait penser à un certain Devinci Django 29.

Verdict

Ce premier essai a été court et sur un terrain ludique mais qui n’a pas permis de voir toutes les facettes de la personnalité de ce nouveau Pivot Trail 429. Néanmoins, nous avons déjà pu entrevoir un caractère enjoué, facile d’accès et un vélo qu’on imagine en effet très polyvalent. Il faudra confirmer tout cela et voir toute l’étendue de son talent dans un test plus long, mais il nous a beaucoup fait penser à son grand frère, le Switchblade, en version plus petite, polyvalente et nerveuse. Reste son prix, pas accessible à toutes les bourses, mais quand on en a les moyens, c’est l’occasion de rouler différent et sur un vélo avec une belle personnalité.

Plus d’infos : www.pivotcycles.com/bike/Trail-429 et www.mohawkscycles.fr
Le test de son grand-frère, le Pivot Switchblade : dev.vojomag.com/test-pivot-switchblade-une-fine-lame-en-pneus-plus

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Par Olivier Béart

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