Prise en main | Lapierre Overvolt AMi 727 : 9 mois dans son sillage 

Par Paul Humbert -

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Prise en main | Lapierre Overvolt AMi 727 : 9 mois dans son sillage 

Notre histoire avec le Lapierre Overvolt AMi Shimano commence il y a neuf mois. Juillet 2017, le soleil tape sur la petite station de Valberg, dans les Alpes-Maritimes, et Gilles Lapierre et son équipe présentent deux vélos équipés de batteries intégrées : un par Bosch et s’adresse à une pratique loisir, l’autre préfère Shimano et les pratiques un peu plus engagées. C’est ce dernier qui nous intéresse aujourd’hui. Non content de réussir son annonce, Lapierre nous offre même la possibilité de rouler sur les tout premiers modèles de pré-production. Neufs mois plus tard, c’est sur le pont d’un ferry pour la Corse qu’on découvre ce même vélo et ses 27 modifications, juste avant de passer la porte des magasins. Retour sur 9 mois d’optimisation et deux prises en main du Lapierre Overvolt i : 

Plongez-vous, avec nous, dans ces évolutions avant de découvrir notre prise en main du Lapierre Overvolt AMi 727 sur les sentiers corses.

Lapierre Overvolt AMi Shimano : les 27 modifications, du prototype aux magasins

L’été 2017 arrive et une nouvelle génération de batteries et de moteurs commence à pointer le bout de son nez. Le temps des premières expériences passé, les marques essayent désormais d’intégrer un maximum d’éléments du moteur et de la batterie pour ne plus laisser suggérer l’existence d’un moteur sur une machine qui doit ressembler à un VTT on ne peut plus classique. Bosch et Shimano proposent désormais des batteries « intégrables » et le fabricant nippon laisse même la possibilité aux constructeurs de développer leurs propres batteries, en suivant un cahier des charges précis.

Lapierre se jette dans la bataille et présente à la presse, au milieu de l’été, deux vélos à batterie intégrée. Chez les autres marques, les images des modèles à venir commencent à fuiter mais chez Lapierre, on a mis les bouchées doubles pour que les vélos soient disponibles pour des tests. On retrouve donc un modèle dédié aux pratiques « all-mountain » équipé d’un moteur Bosch, et l’autre, le sujet de cet article, équipé d’un moteur Shimano.

Dans le tube inférieur, Lapierre saisit l’opportunité offerte par Shimano et la firme dijonnaise développe sa propre batterie : elle est baptisée « Snake Power » et affiche une capacité de 504Wh. Articulée, elle se glisse dans le cadre par une trappe située sur le haut du tube inférieur.

Le reste de la machine affiche une géométrie ouvrant le champ des possibles et une cinématique « four bar linkage » efficace.

Le reach en taille L est de 459mm, l’angle de direction est de 65,5 degrés et les bases mesurent 445mm en 27,5 pouces. Le débattement affiché est de 160mm pour la version 27,5 pouces et de 140mm pour la déclinaison 29 pouces présentée au même moment.

Photo : Matt Wragg

Sur le terrain de Valberg dans les Alpes-Maritimes, la machine est intéressante. On adore le moteur Shimano et particulièrement son mode intermédiaire, même si l’étagement reste à améliorer et que la mise à jour annoncée au milieu de l’été n’était pas encore intervenue. Le 29 pouces se révèle un peu difficile à appréhender mais plus tard, comme le 27,5 pouces, il se révèlera. En concluant, on ne peut s’empêcher de remarquer le petit retour en arrière réalisé en intégrant une batterie jusqu’en haut du tube inférieur. Quoi qu’il fasse, l’Overvolt AMi conserve ce poids qui pèse sur l’avant du vélo et que l’Overvolt Carbone avait réussi à supprimer.

9 mois plus tard, l’Overvolt AMi est vraiment né. Lapierre nous contacte une nouvelle fois pour partir à la redécouverte de cette machine, mais sur l’île de beauté cette fois-ci. Il neige dans le port de Toulon et la soute du ferry se referme quand la nuit tombe. C’est coincé entre Gilles Lapierre et Nicolas Vouilloz qu’on roule pour la première fois dans le port d’Ajaccio. La neige a effectué la traversée avec nous et elle nous attend de pied ferme, dès notre première montée. Après plusieurs heures passées au guidon de l’Overvolt 727i (dont on vous détaille la prise en main dans la partie suivante), il est temps de faire un point sur ce qui a changé depuis juillet 2017.

Esthétiquement, le vélo est presque identique à la première série que nous avons pu découvrir à Valberg. Les modifications sont toutefois au nombre de 27 et l’Overvolt AMi Shimano entre en magasin.

Il est rare qu’une marque donne un tel accès aux « coulisses » à un média. Sur ce coup, Lapierre a voulu jouer franc jeu et on les remercie. Le Lapierre Overvolt i Shimano a connu 27 modifications entre la sortie de la première série validée (celle que nous avons découvert en juillet) et celle qui arrive en magasins en ce moment. La structure du cadre reste identique, le moule également mais de nombreuses petites choses changent. Une liste exhaustive est sans grand intérêt mais nous pouvons essayer de vous montrer comment une marque « fignole » un cadre de vélo électrique.

Côté visuel, Lapierre améliore l’esthétique de ses soudures et le niveau de finition du cadre : sur la colonne de direction, au niveau du boîtier de pédalier ou encore sur la biellette.

Au niveau du moteur – et c’est la que les modifications sont les plus importantes -, Lapierre a changé la manière dont la batterie vient se caler dans le tube inférieur. L’objectif est de faciliter l’utilisation de cette dernière et de la rendre immobile et silencieuse.

La trappe de fermeture a également été modifiée, elle est désormais en plastique et un joint a été ajouté. Dans le tube inférieur, un tampon en silicone a été ajouté pour absorber les vibrations de la batterie et supprimer le bruit. Avec un petit capot sur le moteur, les câbles ont été rendus invisibles.

Côté mécanique, le tube de selle a également été élargi pour une meilleure résistance.

Et comme tout n’est qu’une histoire de millimètres, les inserts du porte-bidon ont été remontés pour permettre un meilleur accès à l’amortisseur. Les interfaces sont également modifiées pour plus de fiabilité : le bouchon de la prise de charge de la batterie, les empreintes sur les vis en alu, l’aluminium de la vis supérieure de l’amortisseur. Bref, les petits détails qui font une grosse différence après une utilisation intensive de la machine.

On réalise face à la liste que certains éléments du cadres peuvent paraître simples à développer, mais avant d’arriver à une solution pérenne il vaut mieux faire un test, et c’est ce que Lapierre a fait pour ses passages de câbles et de gaines. Les angles vifs sont supprimés dans cette version de production et le routing interne est amélioré.

Viennent ensuite les modifications mineures qui améliorent le passage en production en Asie et/ou les passages aux normes. On note ainsi la modification du processus de cintrage d’un tube, des petits ajouts de plastique ou des changements de vis.

Enfin, côté esthétique, les trous de dégazage lors de la production du cadre sont modifiés et la couleur de certaines vis change. On note également un gain de 35 grammes sur la biellette.

Difficile donc de réaliser tout le travail effectué en quelques mois quand on a ce nouveau Lapierre Overvolt AMi 727 devant les yeux. Quand on sait que lors d’un test, de petits détails peuvent faire la différence au moment du bilan, on apprécie d’avoir connaissance de toutes ces modifications.

Enfin, quand on se tourne vers Gilles Lapierre pour lui demander si la présentation des modèles de pré-production en juillet était, rétrospectivement, une bonne idée, il répond sans hésiter : « Oui, c’était une excellente idée et on recommencera sans hésiter. Les retours des journalistes étaient bons à prendre et nous étions contents de marquer la différence entre nos modèles Bosch et Shimano. Dans le cas du Shimano, si les grandes lignes du cadre étaient figées, il était toujours bon d’avoir la confirmation que nous allions dans la bonne direction.»

Le cadre de l’Overvolt 727i Shimano disséqué, il ne nous restait plus qu’à l’enfourcher pour quelques glissades dans la neige avant de découvrir les sentiers de Porto Pollo.

Découvrez notre prise en main dans la partie suivante, ou grillez-vous un morceau de figatellu au feu de bois. Vous verrez, c’est bon.

Le site de la marque : https://shop.cycles-lapierre.fr/vtt

Photos : Stef Candé/Lapierre, PH.

Prise en main | Lapierre Overvolt AMi 727 : retrouvailles dans le maquis

Esthétiquement, le Lapierre Overvolt 727i est une réussite. On le distingue de ses concurrents et l’intégration du moteur et de la batterie Shimano est de belle facture. On vous détaillait d’ailleurs les grandes lignes du travail effectué ces derniers mois dans la partie précédente de notre article.

On adore le petit bouton d’allumage rétroéclairé sur le top tube et le poste de pilotage qui offre la même ergonomie qu’un VTT classique : le moteur se commande à l’aide d’un shifter similaire à celui d’un dérailleur avant Shimano, et l’écran de contrôle est identique à celui d’un groupe électrique di2.

Dans la gamme Lapierre, on retrouve cinq modèles disponibles en 29 ou en 27,5 pouces. La gamme de prix est comprise entre 4599€ et 6799€ (et à retrouver sur le site officiel de Lapierre).

Nous grimpons sur le modèle intermédiaire équipé d’un amortisseur Fox DPX2, d’une fourche Fox 36 Float de 160mm de débattement et commercialisé à 5999€.

Shimano s’occupe de la transmission avec un dérailleur XT 11 vitesses et une commande SLX. Le freinage est confié à Sram avec les Guide RE.

On retrouve une flopée de composants Lapierre : poste de pilotage, tige de selle télescopique et même des roues affichant une largeur interne de 35mm.

Des pneus Maxxis Highroller 2 et Rekon+ sont montés, en section 2.8.

Une fois la baie d’Ajaccio traversée, on grimpe sur le vélo. Plutôt court pour un taille L, il reste dans des proportions intéressantes et s’avèrera bien équilibré sur les sentiers une fois en action. Il affiche un reach de 459mm, un angle de direction de 65,5 et des bases de 445mm.

La position de pédalage est agréable, droite, et dans les montées raides, le Lapierre Overvolt réussit le pari d’être agile et équipé de bases plutôt courtes, sans cabrer excessivement en montée. C’est sur ce point que les vélos électriques se distinguent des modèles sans assistance. Des bases trop courtes deviendront vite pénalisantes dans les portions techniques et quand l’assistance sera sollicitée.

Après une mésaventure et quelques portages au sommet d’une montagne enneigée, nous descendons vers la plage par des sentiers moins humides. Les roches sont nombreuses et le vélo électrique s’impose comme la machine idéale pour évoluer dans cette partie de la corse.

S’enchaînent deux journées à franchir, descendre, sauter et rouler, tout simplement, sur le Lapierre Overvolt AMi 727. Dans cette aventure, nous sommes guidés par Nicolas Vouilloz, Vincent Julliot et les locaux de Porto Pollo. On retrouve la machine que nous avions laissée à Valberg mais nous pouvons aller plus loin dans notre ressenti cette fois-ci.

Ce qui ne nous quitte pas, c’est cette sensation de lourdeur sur l’avant de la machine. Si elle n’entache pas réellement le comportement du vélo et que le Lapierre change de cap facilement et en toutes circonstances, on ne peut s’empêcher d’imaginer la même machine avec une batterie moins longue et un dynamisme accru.

Le Lapierre offre une belle rigidité qui nous permet de contrebalancer un poids assez important et de conserver une bonne réactivité aux sollicitations.

Dans les nombreux passages techniques et défoncés, le Lapierre Overvolt AMi 727 reste très sain et facile. Il encaisse sans broncher et ne nous déstabilise pas. La suspension travaille de manière très confortable en lissant le terrain et en allant jusqu’au bout du débattement.

On se sent en sécurité sur la machine et si les pilotes les plus nerveux souhaiteront un petit coup de pouce supplémentaire de la suspension pour relancer le Lapierre et la faire sortir de sa ligne, le comportement général est déjà très bon.

On ressent toutefois le poids de la machine qui vient allonger les freinages et pousser lors des ruptures de pente. Cette sensation n’est pas aidée par un pneu arrière Maxxis Rekon+ qui sort rapidement de son programme.

Au pédalage et dans les portions techniques, on prend petit à petit les mesures de la machine et cette dernière se dévoile pleine de potentiel. Une petit temps d’adaptation est toujours nécessaire au moment de monter sur un vélo électrique et le Lapierre n’est pas une exception. Il se distingue toutefois par sa belle polyvalence.

En montée, vient alors le choix de la gestion des modes du moteur. Chez Bosch, le mode EMtb a su nous convaincre et le mode intermédiaire « trail » chez Shimano est tout aussi intéressant. Nous ne pouvons toutefois pas dire de même des modes « eco » et « boost » qui, dans leur configuration originale, sont inexploitables. Trop faible pour le premier, trop puissant pour le second.

C’est là que la mise à jour Shimano intervient et en quelques clics nous reprogrammons les modes du moteur. Nous poussons le mode intermédiaire « trail » et diminuons au maximum le mode « boost ». Nous nous retrouvons ainsi avec un équilibre parfait pour les sentiers très techniques et exigeants que nous avons rencontrés en Corse. Le passage en « Boost » sur les portions les plus raides est primordial pour espérer franchir l’obstacle mais du grip reste nécessaire ! Le mode trail nous permet alors d’évoluer dans les portions techniques et de garder du dynamisme au moment de franchir les obstacles.

Le fonctionnement de la machine est sublimé par de tout bêtes changements et on apprécie cette possibilité d’évolution sur ce moteur. Il conviendra de l’adapter aux terrains sur lesquels vous évoluez, car, évidemment, l’autonomie du moteur sera affectée.

Après trois journées de chasse au sanglier dans le maquis corse, nous mettons les voiles avec une idée assez précise du sentiment que nous laisse la machine. Le Lapierre Overvolt AMi 727 a su se donner les moyens de ses ambitions. Travaillé pour aller plus « loin » que les autres vélos de la gamme, il a la géométrie, les équipements, le moteur et le look qui lui permettront de séduire. La gamme est large et cet excellent Lapierre devrait se distinguer de ses concurrents. Ce dont nous pourrions rêver, c’est une petite cure pour gagner en légèreté combinée à un soulagement de l’avant du vélo (avec une batterie plus courte ?). Et si cet Overvolt allait piocher quelques idées chez son homologue en carbone présenté il y a deux ans ?

Plus d’infos sur le site de la marque : https://shop.cycles-lapierre.fr/vtt

Photos : Stef Candé/Lapierre, PH.

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Par Paul Humbert

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