Test nouveauté | Orbea Oiz 2019 : XC 100mm ou TR 120mm, lequel choisir ?

Par Olivier Béart -

  • Tech

Test nouveauté | Orbea Oiz 2019 : XC 100mm ou TR 120mm, lequel choisir ?

Très attendu et présenté au début de l’été, le tout nouvel Orbea Oiz 2019 a pour originalité de se décliner en deux versions à partir d’un même châssis. En changeant simplement la fourche, l’amortisseur et quelques accessoires, il offre la possibilité de passer d’un pur vélo de XC racing en 100mm à une machine de trail plus polyvalente en 120mm. La promesse est belle sur le papier, mais nous avons voulu vérifier si elle est tenue sur les sentiers. Pour cela, prenons la direction des Pyrénées pour un premier test de ces deux versions :

 

Cela va nous permettre, dans cet article, de nous concentrer sur les sensations au guidon des deux versions : Orbea Oiz XC en 100mm, très orienté racing (à gauche), et l’Orbea Oiz TR en 120mm, plus polyvalent (à droite). Avec l’idée bien entendu de voir si les différences annoncées sur papier se sentent sur le terrain, d’explorer les champs d’action de chacune des versions, et de vous dire aussi si notre cœur a eu une préférence pour l’un ou l’autre.

Lors de cette présentation presse organisée par Orbea dans les Pyrénées, la marque a vraiment voulu jouer la carte du « un châssis, deux personnalités », en nous attribuant un seul cadre, d’abord monté en version XC, que les mécanos (merci à eux !) transformaient pour la seconde journée en version TR !

Les changements ? Un autre amortisseur (toujours un Fox Float mais avec une course différente), une autre fourche (F34 SC en 120mm contre F32SC en 100mm pour le XC) et d’autres pneus (Ikon arr./Ardent Race avt. en XC et Ardent Race arr./Forekaster avt. en TR). Sans oublier l’ajout d’une tige de selle télescopique sur le TR.

Une fois encore, pour plus de détails concernant les changements entre les deux versions et d’infos techniques (choix des amortisseurs, influence sur la géométrie, etc), nous vous invitons à lire notre présentation, et nous allons commencer, comme nous l’avons fait en Espagne, par le test de la configuration XC, pour suivre ensuite avec la TR. Rendez-vous à la page suivante pour l’essai :

Orbea Oiz XC 100mm : racing, racing et encore racing !

Pour le remplaçant, la tâche est difficile, disions-nous, car tout le monde attend que le nouvel Orbea Oiz garde un tempérament de feu, tout en étant plus adapté aux parcours très techniques des nouveaux circuits de XC, et aux usages de plus en plus larges que les clients de ce genre de machine veulent en faire. Vaste programme. Et nous allons voir que le défi est plutôt bien relevé.

On teste les accélérations et, pas de doute, le vélo n’a rien perdu de sa vivacité. Il est un peu moins caractériel que le précédent, plus rond, mais son poids plume (9,65kg pour notre version) en fait une belle petite fusée qui regarde aussi droit dans les yeux des références comme le Specialized Epic ou le Scott Spark RC.

Par contre, en parlant de Scott Spark et de son fameux TwinLock, il nous vient très rapidement à l’esprit que ce nouveau Oiz XC manque cruellement d’une position intermédiaire pour ses suspensions, entre le tout ouvert et la compression hyper freinée (blocage). Il faut reconnaître que la nouvelle commande marche très bien et se montre souple à manipuler, mais tout de même. Tout ouvert, en côte, on perd un peu d’énergie même si l’Oiz est naturellement peu sensible au pompage, mais bloqué c’est bien trop dur la plupart du temps en véritable usage VTT. On profite d’avoir les chefs produit et quelqu’un de chez Fox sous la main pour en parler, et ils nous avouent à demi mot bosser sur quelque chose à ce niveau. En voilà une bonne nouvelle, d’autant qu’on imagine qu’il sera facile d’upgrader son vélo le moment venu.

Sur des ascensions plus longues, c’est une fois encore la légèreté et la facilité du vélo qui nous séduisent et, quand on aborde de jolis singletracks sinueux mais sans difficultés majeures, la maniabilité du Oiz fait merveille. Ici aussi, il est moins turbulent que son prédécesseur,  et cela le rend plus efficace sans pour autant être ennuyeux.

Dans ces portions, il fait très fort penser à un Epic. Ce qui n’est pas vraiment un hasard car leurs géométries sont très proches (reach, angle de direction, déport de fourche réduit,…) même si elles ne sont pas identiques. La différence se fait plus au niveau des suspensions, non dotées ici d’un blocage automatique, qui ont donc un fonctionnement plus classique et un poil plus onctueux, même si le système Brain de Specialized a bien évolué.

Dans les « vraies » descentes montagnardes, si ce n’est l’absence de tige de selle télescopique, l’Orbea Oiz 2019 se montre précis, maniable, et assez stable aussi (merci la fourche à déport réduit qui aide bien en la matière), même si sur ce genre de trails, on aimerait vraiment pouvoir abaisser son centre de gravité en baissant la selle. Grâce au configurateur de la marque, vous pouvez choisir l’option « dropper post »… et on vous la conseille vivement, même sur le modèle XC ! La suspension arrière, bien que beaucoup plus active que sur le précédent Oiz et excellente pour avaler les chocs, reste toujours naturellement haut dans le débattement, et quand on est forcé aussi de rouler selle haute, il y a des circonstances où on n’a pas toute l’aisance nécessaire. Dans l’ensemble, par rapport à un Spark par exemple, on a beaucoup moins l’impression d’être sur un mini enduro quand la pente s’inverse. C’est un XC bien typé et on le sent.

On termine cette première journée au guidon de l’Orbea Oiz XC par un très long et superbe trail sur lequel Tomi Misser, ambassadeur Orbea, s’entraîne régulièrement. Il est un peu à l’image de ce champion de descente qui s’est ensuite reconverti avec succès au marathon (il a remporté plusieurs étapes du Cape Epic en Master) et à l’enduro : c’est très technique… mais aussi très XC avec beaucoup de pédalage et de coups de cul ! Là, la machine demande de l’attention et se montre pointue, mais aussi terriblement efficace.

Pas besoin de bloquer les suspensions, il fait tout « au talent », offrant un mix parfait de nervosité et de grip. En montée, nous sommes venus à bout de toutes les sections tendues… et seul un passage en légère descente sur une longue faille entre deux roches va nous résister malgré plusieurs tentatives. Le lendemain, nous reviendrons avec le TR pour voir si ça passe !

Verdict Orbea Oiz XC

Au final, ce nouvel Orbea Oiz à la sauce XC nous laisse l’impression d’un vélo bien dans son époque, parfaitement actualisé et qui se présente en réelle alternative par rapport aux références que sont les Epic et autres Spark. Il permet de rouler de façon plus originale, surtout avec le système MyO qui permet de choisir ses options et sa peinture perso sans supplément, mais de façon tout aussi performante que les meilleures machines du segment. Cela dit, aussi bon soit-il, et même s’il marque une évolution sensible par rapport à son prédécesseur, il n’apporte rien de vraiment neuf par rapport à une concurrence déjà bien affûtée et qui a pris de l’avance. Du moins, ça, c’est vrai pour la version XC. Car le test de la version TR en 120mm va s’avérer être une véritable révélation…

Découvrons ensemble pourquoi l’Orbea Oiz TR nous a tant séduit, en passant à la page suivante >>>

Orbea Oiz TR : 20mm de plus, ça change tout

Au premier contact, en retrouvant notre Oiz qui a été transformé de XC à TR pendant la nuit par les mécanos, on n’est pas déconcerté. Les appuis sont identiques et on sent juste que l’avant est un micro-poil plus haut que la veille. Ce qui n’est pas plus mal quand on n’est pas un crosseur de très haut niveau. Ca reste racing, mais c’est moins exigeant et plus équilibré à nos yeux. Premier bon point. Puis, on a aussi l’indispensable tige de selle télescopique pour vraiment profiter pleinement du potentiel du châssis.

Ensuite, on constate très vite que le vélo n’a rien perdu en nervosité ! La différence de poids est très contenue (on passe à peine au-dessus de 10kg dans cette configuration) et il s’envole toujours au moindre coup de pédale. On sent bien que l’amortisseur est taré un poil plus souple sur le début de course, mais la cinématique bien étudiée du Oiz permet naturellement de limiter le pompage à la portion congrue. On reste sur un tempérament d’un tout bon vélo de XC, et c’est tant mieux.

Par contre, dès qu’on aborde des sections plus défoncées, on sent que le confort a fait un bond en avant assez spectaculaire. Sur le XC, onperçoit qu’on est sur un full qui absorbe très correctement, mais on sent surtout que c’était une notion secondaire pour le public cible et que le setting de suspension en ont tenu compte. Ici, sur l’Orbea Oiz TR, c’est presque le jour et la nuit, avec un amortisseur qui gomme toutes les aspérités et qui utilise à merveille les 20mm supplémentaires pour plaquer la roue au sol en toutes circonstances et pour prendre soin du pilote et de ses petites vertèbres.

Dans les enchaînements sinueux, c’est le même vélo que la veille… en mieux ! Là, c’est l’apport de la Fox F34SC qui se fait sentir au niveau de la précision des trajectoires. La F32 n’est pas une championne de rigidité, c’est bien connu et c’est la rançon de son poids plume. On reste dans des limites très acceptables, mais quand on passe sur la nouvelle F34SC, on sent clairement que c’est plus rigide et que le guidage est amélioré. C’est peu de chose dans certains passages, mais quand on se met à vraiment ouvrir les gaz, ce que l’Oiz TR permet de faire très franchement, ça peut faire la différence et cela participe à augmenter le plaisir pris au guidon d’une telle machine.

Puis, on se décide à prendre de la hauteur. A emmener cet Oiz TR tout en haut de la montagne. A s’attaquer même à des pistes de bikepark… et là, c’est la révélation ! Quelle polyvalence ! Là où un pur vélo de XC montrerait, fort logiquement, ses limites, l’Oiz TR montre… qu’il n’en a pas d’autres que celles du pilote. Bien sûr, ce n’est pas un vrai vélo d’enduro et à la moindre erreur, on n’a pas 160 ou 170mm de débattement ainsi que de tout gros pneus à gomme tendre pour se rattraper, mais lors de cette sortie, nous n’avons pas trouvé un seul chemin ni une seule piste du bikepark où nous nous sommes dit : « Ouille, là, avec un petit vélo comme ça, ça ne va pas passer ».

C’est fun, c’est vif, c’est rassurant aussi. Et incroyablement efficace de surcroit. De pur XC, l’Oiz TR devient une arme pour marathons cassants et autres courses par étapes, un vélo fun pour aller s’amuser à la montagne, un chouette engin pour se balader dans un confort royal… ou au contraire pour envoyer des (pas si) petits sauts en bikepark.

Très franchement, nous ne nous attendions pas à une telle claque au guidon de l’Orbea Oiz TR, ni à une telle différence par rapport à la version XC. C’en est au point qu’on se dit que l’Occam TR a vraiment du souci à se faire dans sa version actuelle et que la porte est ouverte pour une future version qui devra être plus radicale et proche du Rallon pour réellement se démarquer de cet Oiz TR pétri de talent. Par rapport au Specialized Epic Evo, qui adopte une démarche similaire de « crosseur bodybuildé », on sent qu’Orbea a poussé la réflexion beaucoup plus loin que juste mettre une fourche avec plus de débattement devant et des gros pneus. Le résultat est d’ailleurs bien plus cohérent et séduisant.

Avec l’Orbea Oiz TR, la marque espagnole ajoute un nouveau jalon dans son histoire, comme l’a été l’Occam il y a quelques années et le Rallon plus récemment. Elle ouvre aussi la porte à une nouvelle ère, celle des vélos « typés XC », mais qui, en s’offrant un peu plus de débattement, s’offrent aussi une toute autre polyvalence. Il a le poids d’un pur crosseur, mais les suspensions d’un pur vélo de trail, et surtout le tempérament attachant d’un véritable Orbea. N’en jetez plus, la coupe est pleine et vous avez compris que nous avons eu un vrai coup de cœur pour cette version. A moins que vous ne fassiez que de la compétition XC pure et dure, pour nous, il n’y a pas photo, le choix de la version TR ne se discute même pas.

Ah oui, on ne vous a pas dit : le fameux rocher sur lequel on avait calé la veille avec le XC… On l’a passé du premier coup avec le TR. Et, même si cela n’a rien de scientifique, Strava nous indique qu’on a amélioré nos temps sur l’ensemble des quelques segments empruntés avec le XC et sur lesquels nous avons re-roulé avec le TR. En descente, comme en montée.

Verdict Orbea Oiz TR

Si nous disions juste avant que l’Oiz XC rejoignait juste ses concurrents dans la course au podium, l’Oiz TR est pour nous un véritable benchmark. Même le Scott Spark 120mm, un de ses rares vrais concurrents, ne nous a pas laissé une impression aussi positive (là, c’est plus la version RC typée XC racing qui a nos préférences). Il y a fort à parier que, presque par réflexe, beaucoup d’acheteurs du Oiz vont se tourner vers la version 100mm. Parce qu’on a toujours fait comme cela pour un usage rando/marathon/XC. Mais bientôt, notre petit doigt nous dit qu’ils se rendront compte des bienfaits d’un peu plus de débattement, de pneus un peu plus gros, d’une tige télescopique,… Et là, le gros avantage de l’Orbea, c’est qu’il ne faudra pas tout changer pour transformer son vélo et le mettre au goût du jour. Croyez nous, ce Oiz TR va marquer son époque.

Plus d’infos : www.orbea.com/be-fr/velos/montagne/oiz

[summary

Par Olivier Béart

string(73) "Test nouveauté | Orbea Oiz 2019 : XC 100mm ou TR 120mm, lequel choisir ?"
Vos données sont en route...