Test | Notubes Crest S1 – Asterion XC29 : upgrader ses roues sans se ruiner ? Vive l’alu !
Par Olivier Béart -
C’est presque cliché de le rappeler, mais les roues sont sans aucun doute un des premiers points qu’il convient de chercher à améliorer sur un vélo. Aujourd’hui, on parle de plus en plus de carbone, et ce matériau focalise presque toute l’attention car c’est essentiellement là que se concentrent les nouveautés. Mais ici, nous avons voulu voir si pour une somme allant de 500 à 600€ et en restant sur de l’aluminium, il était possible d’avoir des roues très performantes, capables de booster les performances d’un vélo entrée, milieu, voire même déjà assez haut de gamme. Réponse avec ce double test des roues entrée de gamme Notubes Crest S1, proposées à 499€, et des Asterion XC29, affichées elles à 599€.
Le carbone est sur toutes les lèvres et c’est vrai que c’est là que se concentrent aujourd’hui beaucoup de nouveautés en matière de roues. Mais tout le monde n’a pas 1000, 1500, voire 2000€ ou plus à mettre dans une nouvelle paire de roues. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a point de salut ni de pistes pour améliorer votre destrier au niveau des trains roulants, même si vous n’avez pas l’envie ou les moyens de mettre de si grosses sommes dans de nouvelles roues.
Sauf exceptions, en-dessous de 1000€, les jantes en aluminium règnent en maître et, autour de 5-600€, on trouve déjà de très belles choses, comme nous allons le voir dans ce double test des roues NoTubes Crest S1 et des Asterion XC29. On reste sur des montages classiques, et on n’arrive pas à des poids records (on ne peut pas tout avoir), mais on est déjà sur du matériel de grande qualité, dont l’apport devrait être immédiatement perceptible sur des vélos dont les prix de départ se situent entre 1500 et 3000, voire 4000€ et qui sont souvent équipés de roues correctes, mais régulièrement assez lourdes, montées à la chaîne sans soin particulier et qui, au final, ne permettent pas toujours de profiter pleinement des qualités intrinsèques du vélo dans lequel on a investi. Il y a donc matière à amélioration et c’est la raison pour laquelle nous avons voulu nous pencher ici sur ces deux modèles plutôt typés XC/Rando/Marathon.
Passons maintenant à la page suivante pour les présentations détaillées et les tests des deux modèles que nous avons sélectionnés pour cet essai >>>
Test | Roues NoTubes Crest S1
La principale différence concerne les jantes. Les cotes restent les mêmes en termes de largeur entre crochets, mais la forme de la jante est différente et elle est aussi, fort logiquement, plus lourde. Dans le cas des NoTubes Crest S1 qui nous occupent ici, on reste donc sur une largeur interne de 23mm (recommandée par NoTubes pour des pneus de section allant de 2.0 à 2.25″), mais le profil des MK3 est plus arrondi que sur les S1, plus anguleux. Au niveau de la largeur externe, c’est quasiment la même chose, avec 26,6mm ici contre 26,3 en Mk3.
On constate aussi la présence d’oeillets de renfort au niveau des têtes de rayons, alors qu’il n’y en a pas sur les Mk3. L’aluminium utilisé, du 6061 ici, est aussi différent du 6069 employé sur les Mk3. Au final, sur la balance, la différence se chiffre à quasiment 70g par jante avec 433g annoncés pour une Crest S1, contre 364g pour une Crest Mk3. Par contre, les nouvelles NoTubes Crest S1 sont 22g plus légères que les Rapid qu’elles remplacent, tout en étant plus larges.
Au niveau des moyeux, on retrouve les Neo Hubs de chez NoTubes (remplaçant des 3.30), avec le corps de roue-libre le plus simple (il en existe un autre à enclenchement plus rapide, 5° contre 10°, disponible sur les Mk3), mais il reçoit par contre bel et bien les modifications qui ont permis d’oublier les soucis de fiabilité des toutes premières séries et dont nous avions fait les frais en fin de test des Arch Mk3 (voir ici).
Le rayonnage est on ne peut plus classique aussi, avec 32 rayons Sapim Race Black à l’avant comme à l’arrière (on est sur 28 rayons à l’avant sur les roues Mk3 complètes proposées par NoTubes). Au final, on se retrouve avec une paire de roues à 1831g, soit loin d’un record, mais nous allons voir dans le test qu’elles ont tout de même des qualités qui permettent de sentir une amélioration. Côté tarif, on l’a dit, il est de 499€ la paire, mais en cherchant un peu, il est possible de faire de bonnes affaires sous les 400€. Pour mémoire, une paire de Mk3 vaut 699€.
Sur le terrain, les Crest S1 ont été testées sur notre Scott Spark RC de référence en matière de XC, ainsi que sur le semi-rigide Rockrider XC500, proposé à 1200€ avec de bons équipements cohérents… mais des roues 29 assez lourdes. Sur ce vélo, le montage des Crest S1 avec des pneus légers (Hutchinson Skeleton) a permis de gagner quasiment 1kg sur la paire de roues d’origine. Autant dire que cela se sent directement et que les accélérations sont franchement boostées.
Si on avait dû deviner le poids, on aurait tapé plus du côté des 1700g, soit une bonne centaine de grammes de moins que leur poids réel.
Sur le Spark, elles ont pris la place de DT Swiss XMC1200 en carbone. Là par contre, pas de miracle, on sent aussi qu’on est fameusement descendu en gamme. Mais on est sur des roues trois fois moins chères ! Reste qu’elles ne déméritent pas, avec un comportement homogène et sain. Les accélérations restent franches, les roues ont une réactivité très correcte et si on avait dû deviner le poids, on aurait tapé plus du côté des 1700g, soit une bonne centaine de grammes de moins que leur poids réel. Nous n’avons pas non plus rencontré de souci de solidité de la jante, ni de prise de voile malgré des rayons dont les tensions pourraient être un poil plus homogènes encore.
La rigidité de l’avant dans les appuis est bonne, mais on sent que la roue se déforme, ce qui est plutôt une bonne chose pour aider le pilote. Pas d’excès, mais les NoTubes Crest S1 ne sont pas des roues béton et c’est très bien. On retrouve des traits de caractère des Mk3, sans la légèreté. Sur le Spark, on les imagine bien comme roues d’hiver ou pour s’entraîner et ne pas risquer d’abîmer/user ses belles roues carbone hors de prix. Sur un vélo d’entrée de gamme, elles apportent un réel plus, tout en gardant le prix final du vélo dans des zones raisonnables (sous les 1700€ dans le cas de notre Rockrider). Enfin, le montage des pneus est très facile et la largeur de 23mm parfaite en usage XC/Rando avec des pneus en 2.1/2.2 comme l’annonce NoTubes.
Verdict
Les Notubes Crest S1 se placent en concurrentes directes des DT Swiss X1700 et un peu au-dessus des 1900, ou encore face à des Mavic CrossMax Elite. Homogènes et agréables, elles prouvent qu’on peut avoir de très bonnes roues pour un budget raisonnable. On aurait pu espérer qu’elles soient un peu plus légères, mais elles ne font pas leur poids quand on roule, ce qui est bien le plus important. Comme deuxième paire de roues sur une machine haut de gamme ou comme réel upgrade sur un vélo moins cher, elles ont beaucoup de sens et on bénéficie déjà de la qualité des jantes NoTubes.
Plus d’infos : https://www.notubes.com/crest-s1-wheelset et sur le site de l’importateur Sabma
Test | Roues Asterion XC29
A la base de ces roues Asterion XC29, on retrouve des moyeux fournis par leur partenaire, Aivee. Il s’agit d’un modèle spécifique à ces roues, baptisé MP Custom. Même s’il s’agit de « l’entrée de gamme » de cette marque 100% française, on est déjà face à un moyeu qui n’a rien à envier à des produits très luxueux, que ce soit au niveau de la finition anodisée (disponible en 4 couleurs sans supplément de prix) ou des roulements (made in Japan, seule exception au made in France chez Aivee), ou encore au niveau des solutions techniques retenues.
Conséquence positive de la collaboration directe entre Asterion comme monteur et Aivee comme fabricant de moyeux, la géométrie de ces derniers a été optimisée (notamment au niveau de l’écartement des flasques) pour obtenir une roue bien rigide latéralement, plus facile à monter et à équilibrer.
La jante est aussi spécifique, avec une largeur interne de 24mm et une très faible hauteur (17mm). Il n’y a pas d’oeillets, ce qui permet de gagner pas mal de poids, et les flancs sont très bas, sans crochets, pour mieux laisser le pneu travailler (on retrouve cela plus souvent sur des jantes en carbone).
Le rayonnage fait appel à 32 rayons plats Sapim CX-Ray. Il s’agit de rayons haut de gamme, preuve qu’Asterion ne badine pas sur ce poste. En option (56€), il est possible de les ligaturer, ce qui va apporter un soupçon de cohésion et de rigidité en plus aux rayons. En parlant d’option, Asterion propose plusieurs couleurs non seulement pour ses moyeux, mais aussi pour les écrous (alu Sapim Polyax) et les stickers (option payante, contrairement aux autres). Le tout est entièrement assemblé à la main dans les ateliers de la marque à Charly (69).
Sur la balance, nous avons mesuré nos modèles d’essai à 1631g la paire. On arrive tout doucement dans des poids qui permettent de faire la différence avec beaucoup de roues montées d’origine sur de nombreux vélos. Vu la finition (magnifiée par les nouveaux graphismes sur les moyeux et au niveau des stickers des jantes) et la qualité du montage, le tarif de 599€ a vraiment des allures de très bonne affaire.
Nous les avons testées sur les mêmes montures que les NoTubes Crest S1, à savoir un Scott Spark RC et un Rockrider XC500 en semi-rigide. Avant de rouler, signalons que le montage des pneus s’est aussi déroulé ici sans le moindre souci. Sur le Scott, elles ont pris sans mal la succession de roues carbone haut de gamme (DT XMC 1200). Bien sûr, on peut percevoir une petite différence sur plusieurs points, comme un peu plus de « pep’s » en relances, roues carbone qui roulent un peu mieux aussi une fois lancées, sans doute en partie à cause de la hauteur des jantes sur les XMC, plus de rigidité dans les gros appuis… mais on est pas loin du trop de rigidité sur les DT à notre sens. Et dans tous les cas, les « petites » Asterion XC29 à 599€ n’ont pas à rougir !
Que ce soit au niveau du comportement sur le terrain ou de l’image que ces roues renvoient, elles ont tout d’un produit très haut de gamme
A plusieurs moments, elles nous rappellent un vieux slogan de pub pour la Renault Clio : « Mais que reste-t-il aux grandes ? ». C’est aussi un peu ce qu’on pense lors de cet essai, que ce soit au niveau du comportement sur le terrain ou de l’image que ces roues renvoient et qui a tout d’un produit très haut de gamme. Montées sur un semi-rigide d’entrée de gamme comme le Rockrider XC500, elles semblent même un peu en décalage avec le vélo et le cadre nous a semblé un peu inerte, alors que cette caractéristique ne nous avait pas du tout sauté aux yeux avec d’autres roues.
Le dynamisme est vraiment très présent dans les accélérations et les relances, notamment grâce aux jantes légères (Asterion annonce autour de 380g), mais aussi de l’exceptionnelle qualité du montage. Il faut aller sur des roues plusieurs crans au-dessus (en carbone) pour vraiment sentir un progrès clair et net. Mais elles peuvent regarder droit dans les yeux des NoTubes Crest Mk3 (100€ plus chères) ou les excellentes DT Swiss X1501 (300€ de plus en prix public). Pour 100€ de plus que les Crest S1, elles offrent aussi des performances assez nettement supérieures, qui peuvent valoir le coup si on les envisage comme roues à utiliser en course ou si on est d’un naturel pointu sur le matos.
Par rapport à leur faible hauteur, on se serait attendu peut-être à un peu plus de souplesse verticale pour absorber les impacts, mais heureusement, leur largeur de 24mm permet au pneu de bien travailler et de jouer son rôle à ce niveau, de sorte que si elles sont exigeantes, cela ne tourne pas à l’excès. On pourra aussi se passer de l’option ligatures, présente sur notre modèle de test, pour limiter le phénomène. Au niveau latéral, elles sont pour le coup très rigides et d’une précision diabolique, sans pour autant virer à l’inconduisible. Que du contraire, les roues parviennent à se donner légèrement pour aider le vélo à garder la trajectoire. Enfin, coté solidité, c’est du sans souci comme toujours avec Asterion. Pas de voile, pas de saut, et des jantes dont nous avons éprouvé la solidité sur de nombreuses courses et sorties hard pendant quasiment 5 mois.
Verdict :
Magnifiquement bien finies, montées avec soin, très dynamiques : les Asterion XC29 sont dans la lignée de tous les produits de la marque, exceptionnels. Mis à part le poids, elles ont tout ou presque de roues (très) luxueuses, pour un prix qui les place dans le segment milieu de gamme. Ajoutez à cela une politique d’options et de customisation, et vous avez des roues qui, sans vous ruiner, vous permettront de toucher du doigt la perfection. Elles sont aussi à voir comme un upgrade, plus que comme une « 2e paire », car à moins de posséder une première paire absolument exceptionnelle, il y a fort à parier qu’elles ne quitteront plus votre vélo. En tout cas, sur notre Spark, nous n’avons toujours pas remis les roues carbone…
Plus d’infos : https://www.asterion-wheels.com
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